Vous savez, Greenary, Hasbeen, Biworld, Ikki et les autres, vous êtes en plein dans le sujet (pour m'exprimer d'une manière professогаlе
) ; et la difficulté est bien :
- d'abord d'accéder au sentiment de la perte ;
- de ressentir cette perte ;
- de transformer peu à peu cette douleur en "autre chose" ;
- de ne pas céder - oh que tu as raison, Greenary - à la mélancolie (celle qui me ferait rejoindre un objet de relation interne, c'est-à-dire la trace constituée en moi par celui que j'ai aimé, dans la mort) ;
- de ne pas fixer le souvenir sous le signe du passé éternellement regrettable, mais d'admettre qu'il se tгапsfigure (et là, Greenary, tu as encore raison, c'est le deuil le plus difficile qui soit).
------------------------------------------------------------------------
Pour le moment, j'en suis à pleurer chaque jour, par une subite montée de larmes ; et, heureusement que je pars voir ma vieille mère en Bretagne cette semaine (j'écris cela pour que vous ne vous fassiez pas de soucis), parce que j'ai besoin d'être dorloté (eh oui, "à mon âge").
-------------------------------------------------------------------------
Je vous remercie toutes et tous pour vos réflexions.
---------------------------------------------------------------------------
Nothingness, la dernière ligne du poème est celle que j'ai ressentie avec le plus de sincérité :
"A quoi tient la mémoire ? Au peu qui est rendu."
Mais de ce peu, je puis faire beaucoup... Les souvenirs sont visuels, olfactifs, d'atmosphères, kinesthésiques ; ils se focalisent sur des "détails" (condensation), couleur, morceau de paysage, moments de journées ; et je commence à voir poindre mon Simon en manches de chemise, mais c'est encore bien douloureux.
Je préfère avoir cette souffrance-là (comme tu as raison, Hasbeen) plutôt que de ne pas y accéder, et la supporter.
-----------------------------------------------------------------------
Quelle teinte avait ce regard noir et têtu ?
Quelle façon avaient ces gestes en leur cadence ?
Quel horizon avait sa voix dans sa puissance ?
Quelle couleur avaient sa peau et son poil dru ?
Quel portugais parlais-tu avec grande aisance ?
Quelle période du soleil appréciais-tu ?
Quel cactus ? Quel arbuste ? Quel arbre ? Quel fétu ?
Qui te hantait manière de réminiscence ?
Ta face est effacée : les traits sont dispersés ;
Les temps sont éboulés, les temps nous ont versés ;
Le futur vегsаtіlе et l'aurore spectrale
Diffusent une froideur donnant un mauvais hâle :
Il demeure un sourire ébauché suspendu.
A quoi tient la mémoire ? Au peu qui est rendu.
Troisième version le Lundi 4 Août 2014.