Tien j ai trouve cette article sur GOOGLE , ne me demandes pas de le commenter
Les enjeux d’une intégration de la Turquie dans l’Union européenne
Par Ronny Ktorza
Ronny Ktorza, diplômé de l'IEP d'Aix-en-Provence et d'HEC, est avocat depuis janvier 2011
Publié le 11 mai 2012
Depuis des années, la Turquie désespère d’intégrer l’Union européenne. Il faut dire que la première demande d’adhésion date tout de même de 1987. Le dossier traîne et des arguments parfois loufoques sont opposés à sa candidature : non-appartenance géographique de la Turquie à l’Europe, absence de débat démocratique sur l’entrée de ce pays, craintes en ce qui a trait au poids démographique de la Turquie, non-reconnaissance du génocide arménien… De la même façon, certains gouvernements occidentaux tentent subrepticement de saboter cette candidature et de laisser dépérir leurs relations avec cet État.
Soyons sérieux, les eurocrates craignent, avant toute chose, l’entrée de ce pays pour des raisons religieuses. Il serait moins hypocrite de le dire explicitement.
Il ne s’agit pas simplement d’affirmer que la Turquie doit intégrer impérativement l’Union européenne. Les arguments des opposants peuvent parfois se tenir. Les plus cyniques diront même que ce ne serait pas un cadeau à faire aux Turcs que de les laisser entrer dans la nébuleuse européenne, surtout en ce moment. D’autres encore soutiendront très légitimement que l’entrée de la Turquie ne doit pas s’accompagner de l’allocation de fonds de cohésion à son profit. Les pays occidentaux sont tous touchés durement par la crise et ont, en sus, dû « réparer » financièrement les erreurs du gouvernement grec, créant un sentiment anti-européen toujours plus renforcé.
Les modalités d’une éventuelle adhésion de la Turquie à l’Union européenne auront donc une importance fondamentale. On a, en effet, tendance à considérer que ladite adhésion éloignerait la Turquie du rejet de l’Occident et de la tentation islamiste. Certes mais le mariage doit être harmonieux et ses conditions doivent être saines et acceptables pour les citoyens de l’Union européenne.
Pourtant, aujourd’hui, malgré l’attitude ambigüe des membres de l’Union, les Turcs continuent d’afficher une certaine humilité, déclarant même que c’est à eux de faire le nécessaire pour arriver au niveau de l’acquis communautaire.
Le débat sur l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne pose des questions beaucoup plus générales sur l’avenir de cette dernière. Veut-on une Europe politique, fortement intégrée, ou une Europe cantonnée à une grande zone de libre-échange ? Il ne faudrait pas oublier qu’une union douanière avec la Turquie est entrée en vigueur en 1996 et que les libéraux, favorables à l’entrée de ce pays, doivent prendre ce fait en compte. De même, depuis le Traité d’Amsterdam, existe un mécanisme : celui des coopérations renforcées, qui permet à un groupe d’États membres d’apргоfопԁir leur coopération dans un domaine d’action particulier sans en être empêchés par les autres États.
Certains, machiavéliques, espéraient que les élargissements successifs affaiblissent la capacité de l’Union européenne à se transformer en « super-État ». Mais les eurocrates, jamais à court d’idées, ont alors inventé ce nouveau mécanisme leur permettant de se prémunir des aléas des élargissements et de créer ainsi, par la force des choses, une « Europe à deux vitesses ». Cela sera un moyen pour eux de passer outre le vote à la majorité qualifiée ou à l’unanimité dans certains domaines ciblés.
C’est bien la raison pour laquelle une entrée de la Turquie dans l’Union européenne n’aura pas forcément les résultats escomptés par les eurosceptiques. Et qu’a contrario, une telle adhésion risque d’être coûteuse pour les contribuables européens.