Le monstre sacré de la chanson française qui s'est éteint à l'âge de 94 ans avait 48 ans à l'époque. C'est le premier de sa caste à réussir l'exercice difficile d'aborder un sujet tabou sans se moquer, et en racontant avec véracité le quotidien de la communauté gay de l'époque. Pour cela, Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson, et chante leurs conditions de vie à l'époque. Trois couplets, chargés d'émotion, racontent les paradoxes, les misères et les joies du personnage qu'il incarne. Comme une réponse intelligente à l'homophobie. Rien à voir avec les chansons de sa décennie, souvent stigmatisantes, bourrées de clichés et tout simplement homophobes ou tгапsphobes quand on les analyse avec notre regard actuel.
Le morceau sort en 1972, année de ma naissance, dans une France qui, malgré l'influence de Mai 68, reste encore conservatrice, et aborde le thème de l'hоmоsехualité sans détour.
J'habite seul avec maman Dans un très vieil appartement Rue Sarasate J'ai pour me tenir compagnie Une tortue, deux canaris Et une сhаttе Pour laisser maman reposer Très souvent je fais le marché Et la cuisine Je range, je lave, j'essuie À l'occasion je pique aussi À la machine Le travail ne me fait pas peur Je suis un peu décorateur Un peu styliste Mais mon vrai métier C'est la nuit Où je l'exerce tгаvеstі Je suis artiste J'ai un numéro très spécial Qui finit a пu intégral Après strip-tease Et dans la salle je vois que Les mâles n'en croient pas leurs yeux Je suis un homme, oh! Comme ils disent Vers les trois heures du matin On va manger entre copains De tous les sехes Dans un quelconque bar-tabac Et là, on s'en donne a cœur joie Et sans complexes On déballe des vérités Sur des gens qu'on a dans le nez On les lapide Mais on le fait avec humour Enrobé dans des calembours Mouillés d'acide On rencontre des attardés Qui pour épater leur tablée Marchent et ondulent Singeant ce qu'ils croient être nous Et se couvrent, les pauvres fous De ridicule Ça gesticule et parle fort Ça joue les divas, les ténors De la bêtise Moi, les lazzis, les quolibets Me laissent froid, puisque c'est vrai Je suis un homme, oh! Comme ils disent À l'heure où naît un jour nouveau Je rentre retrouver mon lot De solitude J'ôte mes cils et mes cheveux Comme un pauvre clown malheureux De lassitude Je me couche mais ne dors pas Je pense à mes amours sans joie Si dérisoires À ce garçon beau comme un dieu Qui sans rien faire a mis le feu À ma mémoire Ma Ьоuсhе n'osera jamais Lui avouer mon doux secret Mon tendre drame Car l'objet de tous mes tourments Passe le plus clair de son temps Аu lіts des femmes Nul n'a le droit en vérité De me blâmer, de me juger Et je précise Que c'est bien la nature qui Est seule responsable si Je suis un homme, oh! Comme ils disent
phifi
Membre confirmé
24 novembre 2019 à 02:15
C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix. Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.
Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.
Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.
Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.
craig_lyner
Dieu tout puissant
24 novembre 2019 à 02:23
En réponse au message de phifi :
C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix. Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.
Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.
Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.
Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.
Merci pour ton analyse !!! et dire que nous sommes bientôt en 2020 !!! et j'ai l'impression que cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui !!! Merci à toi Phifi
phifi
Membre confirmé
24 novembre 2019 à 02:35
En réponse au message de s.cy.real :
En réponse au message de phifi :
C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix. Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.
Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.
Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.
Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.
Merci pour ton analyse !!! et dire que nous sommes bientôt en 2020 !!! et j'ai l'impression que cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui !!! Merci à toi Phifi
Elle etait tres en avance sur son epoque, je me rappelle l'avoir entendue frequement a la radio quand j'etais mome, avant meme que je comprenne son propos et eprouver les memes sentiments d'exclusion quelques annees apres, mais sans avoir vecu le meme cheminement que cet homme "comme ils disent"
Merci de raviver ces souvenirs.
textoo
Légende urbaine
24 novembre 2019 à 08:28
Bonjour Scr
En réponse au message de s.cy.real :
Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson,
Sa plus belle chanson qui a dû en faire pleurer plus d'un ...
stiky
Membre suprême
24 novembre 2019 à 10:43
Pas fan du tout
craig_lyner
Dieu tout puissant
24 novembre 2019 à 10:49
En réponse au message de stiky :
Pas fan du tout
je peux comprendre mais c'est aussi une thématique !!! sur la tolérance !!!
parfum-de-femme
Membre élite
24 novembre 2019 à 10:58
Le témoignage d'Aznavour, paru dans le Figaro lors de la sortie du disque est éloquent.
L'auteur-compositeur se souvient de la première fois où il a interprété cette chanson devant un cercle d'amis hоmоsехuеls:
«Ça a jeté un froid. Puis on m'a demandé qui allait chanter ça. J'ai répondu: “moi”. Nouveau silence. Puis quelqu'un s'est inquiété de savoir si je ferais une annonce. Vous m'imaginez annonçant sur scène que je vais me mettre à la place d'un hоmоsехuеl, alors que je ne le suis pas? Il n'était pas question de reculer!»
Je trouve ce témoignage très intéressant parce qu'il montre, non seulement, la frilosité de la société hétéro de l'époque mais aussi celle des homos eux-même.
Le sujet n'est pas de leurs jeter la pierre mais c'est révélateur que cette frilosité sociétale est un mécanisme potentiellement entretenu par LES DEUX BORDS, afin que ceux-ci ne se rejoignent pas, quelque part…
Majorité qui impose et minorité qui se cache et qui craint, à la fois le bruit et le silence.
Aznavour, lui, assure: «qu'à l'exemple de la littérature, de la peinture ou de la photo où les artistes se permettent tout, on peut tout dire en chanson, à condition que ce soit sincère, bien écrit et sans vulgarité»
Dire les choses plutôt que garder le silence et le faire sans casser les oreilles, quelque part…
blue-arts
Légende urbaine
24 novembre 2019 à 11:44
En réponse au message de s.cy.real :
Le monstre sacré de la chanson française qui s'est éteint à l'âge de 94 ans avait 48 ans à l'époque. C'est le premier de sa caste à réussir l'exercice difficile d'aborder un sujet tabou sans se moquer, et en racontant avec véracité le quotidien de la communauté gay de l'époque. Pour cela, Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson, et chante leurs conditions de vie à l'époque. Trois couplets, chargés d'émotion, racontent les paradoxes, les misères et les joies du personnage qu'il incarne. Comme une réponse intelligente à l'homophobie. Rien à voir avec les chansons de sa décennie, souvent stigmatisantes, bourrées de clichés et tout simplement homophobes ou tгапsphobes quand on les analyse avec notre regard actuel.
Le morceau sort en 1972, année de ma naissance, dans une France qui, malgré l'influence de Mai 68, reste encore conservatrice, et aborde le thème de l'hоmоsехualité sans détour.
J'habite seul avec maman Dans un très vieil appartement Rue Sarasate J'ai pour me tenir compagnie Une tortue, deux canaris Et une сhаttе Pour laisser maman reposer Très souvent je fais le marché Et la cuisine Je range, je lave, j'essuie À l'occasion je pique aussi À la machine Le travail ne me fait pas peur Je suis un peu décorateur Un peu styliste Mais mon vrai métier C'est la nuit Où je l'exerce tгаvеstі Je suis artiste J'ai un numéro très spécial Qui finit a пu intégral Après strip-tease Et dans la salle je vois que Les mâles n'en croient pas leurs yeux Je suis un homme, oh! Comme ils disent Vers les trois heures du matin On va manger entre copains De tous les sехes Dans un quelconque bar-tabac Et là, on s'en donne a cœur joie Et sans complexes On déballe des vérités Sur des gens qu'on a dans le nez On les lapide Mais on le fait avec humour Enrobé dans des calembours Mouillés d'acide On rencontre des attardés Qui pour épater leur tablée Marchent et ondulent Singeant ce qu'ils croient être nous Et se couvrent, les pauvres fous De ridicule Ça gesticule et parle fort Ça joue les divas, les ténors De la bêtise Moi, les lazzis, les quolibets Me laissent froid, puisque c'est vrai Je suis un homme, oh! Comme ils disent À l'heure où naît un jour nouveau Je rentre retrouver mon lot De solitude J'ôte mes cils et mes cheveux Comme un pauvre clown malheureux De lassitude Je me couche mais ne dors pas Je pense à mes amours sans joie Si dérisoires À ce garçon beau comme un dieu Qui sans rien faire a mis le feu À ma mémoire Ma Ьоuсhе n'osera jamais Lui avouer mon doux secret Mon tendre drame Car l'objet de tous mes tourments Passe le plus clair de son temps Аu lіts des femmes Nul n'a le droit en vérité De me blâmer, de me juger Et je précise Que c'est bien la nature qui Est seule responsable si Je suis un homme, oh! Comme ils disent
"TOLERANCE " quel joli mot
craig_lyner
Dieu tout puissant
24 novembre 2019 à 11:49
oui il en faut dans ce monde abrupt et en même temps j'y vois aussi de la positivité, de la beauté , certes pas évidente mais c'est ce qui me fait relativiser au quotidien!!!