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Tolérance ! - Musique & cinéma

Sujet de discussion : Tolérance !
  • craig_lyner Dieu tout puissant
    craig_lyner
    • 24 novembre 2019 à 01:29
    Le monstre sacré de la chanson française qui s'est éteint à l'âge de 94 ans avait 48 ans à l'époque. C'est le premier de sa caste à réussir l'exercice difficile d'aborder un sujet tabou sans se moquer, et en racontant avec véracité le quotidien de la communauté gay de l'époque. Pour cela, Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson, et chante leurs conditions de vie à l'époque. Trois couplets, chargés d'émotion, racontent les paradoxes, les misères et les joies du personnage qu'il incarne. Comme une réponse intelligente à l'homophobie. Rien à voir avec les chansons de sa décennie, souvent stigmatisantes, bourrées de clichés et tout simplement homophobes ou tгапsphobes quand on les analyse avec notre regard actuel.



    Le morceau sort en 1972, année de ma naissance, dans une France qui, malgré l'influence de Mai 68, reste encore conservatrice, et aborde le thème de l'hоmоsехualité sans détour.








    J'habite seul avec maman
    Dans un très vieil appartement
    Rue Sarasate
    J'ai pour me tenir compagnie
    Une tortue, deux canaris
    Et une сhаttе
    Pour laisser maman reposer
    Très souvent je fais le marché
    Et la cuisine
    Je range, je lave, j'essuie
    À l'occasion je pique aussi
    À la machine
    Le travail ne me fait pas peur
    Je suis un peu décorateur
    Un peu styliste
    Mais mon vrai métier
    C'est la nuit
    Où je l'exerce tгаvеstі
    Je suis artiste
    J'ai un numéro très spécial
    Qui finit a пu intégral
    Après strip-tease
    Et dans la salle je vois que
    Les mâles n'en croient pas leurs yeux
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent
    Vers les trois heures du matin
    On va manger entre copains
    De tous les sехes
    Dans un quelconque bar-tabac
    Et là, on s'en donne a cœur joie
    Et sans complexes
    On déballe des vérités
    Sur des gens qu'on a dans le nez
    On les lapide
    Mais on le fait avec humour
    Enrobé dans des calembours
    Mouillés d'acide
    On rencontre des attardés
    Qui pour épater leur tablée
    Marchent et ondulent
    Singeant ce qu'ils croient être nous
    Et se couvrent, les pauvres fous
    De ridicule
    Ça gesticule et parle fort
    Ça joue les divas, les ténors
    De la bêtise
    Moi, les lazzis, les quolibets
    Me laissent froid, puisque c'est vrai
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent
    À l'heure où naît un jour nouveau
    Je rentre retrouver mon lot
    De solitude
    J'ôte mes cils et mes cheveux
    Comme un pauvre clown malheureux
    De lassitude
    Je me couche mais ne dors pas
    Je pense à mes amours sans joie
    Si dérisoires
    À ce garçon beau comme un dieu
    Qui sans rien faire a mis le feu
    À ma mémoire
    Ma Ьоuсhе n'osera jamais
    Lui avouer mon doux secret
    Mon tendre drame
    Car l'objet de tous mes tourments
    Passe le plus clair de son temps
    Аu lіts des femmes
    Nul n'a le droit en vérité
    De me blâmer, de me juger
    Et je précise
    Que c'est bien la nature qui
    Est seule responsable si
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent
  • phifi Membre confirmé
    phifi
    • 24 novembre 2019 à 02:15
    C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix.
    Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.

    Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.

    Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.

    Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.
  • craig_lyner Dieu tout puissant
    craig_lyner
    • 24 novembre 2019 à 02:23
    En réponse au message de phifi :

    C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix.
    Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.

    Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.

    Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.

    Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.

    Merci pour ton analyse !!! et dire que nous sommes bientôt en 2020 !!! et j'ai l'impression que cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui !!! Merci à toi Phifi
  • phifi Membre confirmé
    phifi
    • 24 novembre 2019 à 02:35
    En réponse au message de s.cy.real :

    En réponse au message de phifi :

    C'est une chanson a la charge emotionnelle tres forte, qui denotait dans le paysage musical du debut des annees soixante dix.
    Quel parti pris intelligent de decrire ce quotidien sans esperance d'un homme que la societe ne souhaitait entrevoir.

    Le texte cisele et le talent d'Aznavour acheve de nous emouvoir sans tomber dans le pathos.

    Une belle lecon de courage d'interpretation et d'engagement que seul le mаіtге pouvait se permettre de nous offrir.

    Excellent moment que de reecouter cette magnifique chanson.

    Merci pour ton analyse !!! et dire que nous sommes bientôt en 2020 !!! et j'ai l'impression que cette chanson pourrait être écrite aujourd'hui !!! Merci à toi Phifi

    Elle etait tres en avance sur son epoque, je me rappelle l'avoir entendue frequement a la radio quand j'etais mome, avant meme que je comprenne son propos et eprouver les memes sentiments d'exclusion quelques annees apres, mais sans avoir vecu le meme cheminement que cet homme "comme ils disent"

    Merci de raviver ces souvenirs.
  • textoo Légende urbaine
    textoo
    • 24 novembre 2019 à 08:28
    Bonjour Scr
    En réponse au message de s.cy.real :

    Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson,

    Sa plus belle chanson qui a dû en faire pleurer plus d'un ...



  • stiky Membre suprême
    stiky
    • 24 novembre 2019 à 10:43
    Pas fan du tout
  • craig_lyner Dieu tout puissant
    craig_lyner
    • 24 novembre 2019 à 10:49
    En réponse au message de stiky :

    Pas fan du tout

    je peux comprendre mais c'est aussi une thématique !!! sur la tolérance !!!
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 24 novembre 2019 à 10:58
    Le témoignage d'Aznavour, paru dans le Figaro lors de la sortie du disque est éloquent.

    L'auteur-compositeur se souvient de la première fois où il a interprété cette chanson devant un cercle d'amis hоmоsехuеls:

    «Ça a jeté un froid. Puis on m'a demandé qui allait chanter ça. J'ai répondu: “moi”. Nouveau silence. Puis quelqu'un s'est inquiété de savoir si je ferais une annonce. Vous m'imaginez annonçant sur scène que je vais me mettre à la place d'un hоmоsехuеl, alors que je ne le suis pas? Il n'était pas question de reculer!»

    Je trouve ce témoignage très intéressant parce qu'il montre, non seulement, la frilosité de la société hétéro de l'époque mais aussi celle des homos eux-même.

    Le sujet n'est pas de leurs jeter la pierre mais c'est révélateur que cette frilosité sociétale est un mécanisme potentiellement entretenu par LES DEUX BORDS, afin que ceux-ci ne se rejoignent pas, quelque part…

    Majorité qui impose et minorité qui se cache et qui craint, à la fois le bruit et le silence.

    Aznavour, lui, assure: «qu'à l'exemple de la littérature, de la peinture ou de la photo où les artistes se permettent tout, on peut tout dire en chanson, à condition que ce soit sincère, bien écrit et sans vulgarité»

    Dire les choses plutôt que garder le silence et le faire sans casser les oreilles, quelque part…
  • blue-arts Légende urbaine
    blue-arts
    • 24 novembre 2019 à 11:44
    En réponse au message de s.cy.real :

    Le monstre sacré de la chanson française qui s'est éteint à l'âge de 94 ans avait 48 ans à l'époque. C'est le premier de sa caste à réussir l'exercice difficile d'aborder un sujet tabou sans se moquer, et en racontant avec véracité le quotidien de la communauté gay de l'époque. Pour cela, Charles Aznavour se met dans la peau d'un hоmоsехuеl le temps d'une chanson, et chante leurs conditions de vie à l'époque. Trois couplets, chargés d'émotion, racontent les paradoxes, les misères et les joies du personnage qu'il incarne. Comme une réponse intelligente à l'homophobie. Rien à voir avec les chansons de sa décennie, souvent stigmatisantes, bourrées de clichés et tout simplement homophobes ou tгапsphobes quand on les analyse avec notre regard actuel.



    Le morceau sort en 1972, année de ma naissance, dans une France qui, malgré l'influence de Mai 68, reste encore conservatrice, et aborde le thème de l'hоmоsехualité sans détour.








    J'habite seul avec maman
    Dans un très vieil appartement
    Rue Sarasate
    J'ai pour me tenir compagnie
    Une tortue, deux canaris
    Et une сhаttе
    Pour laisser maman reposer
    Très souvent je fais le marché
    Et la cuisine
    Je range, je lave, j'essuie
    À l'occasion je pique aussi
    À la machine
    Le travail ne me fait pas peur
    Je suis un peu décorateur
    Un peu styliste
    Mais mon vrai métier
    C'est la nuit
    Où je l'exerce tгаvеstі
    Je suis artiste
    J'ai un numéro très spécial
    Qui finit a пu intégral
    Après strip-tease
    Et dans la salle je vois que
    Les mâles n'en croient pas leurs yeux
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent
    Vers les trois heures du matin
    On va manger entre copains
    De tous les sехes
    Dans un quelconque bar-tabac
    Et là, on s'en donne a cœur joie
    Et sans complexes
    On déballe des vérités
    Sur des gens qu'on a dans le nez
    On les lapide
    Mais on le fait avec humour
    Enrobé dans des calembours
    Mouillés d'acide
    On rencontre des attardés
    Qui pour épater leur tablée
    Marchent et ondulent
    Singeant ce qu'ils croient être nous
    Et se couvrent, les pauvres fous
    De ridicule
    Ça gesticule et parle fort
    Ça joue les divas, les ténors
    De la bêtise
    Moi, les lazzis, les quolibets
    Me laissent froid, puisque c'est vrai
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent
    À l'heure où naît un jour nouveau
    Je rentre retrouver mon lot
    De solitude
    J'ôte mes cils et mes cheveux
    Comme un pauvre clown malheureux
    De lassitude
    Je me couche mais ne dors pas
    Je pense à mes amours sans joie
    Si dérisoires
    À ce garçon beau comme un dieu
    Qui sans rien faire a mis le feu
    À ma mémoire
    Ma Ьоuсhе n'osera jamais
    Lui avouer mon doux secret
    Mon tendre drame
    Car l'objet de tous mes tourments
    Passe le plus clair de son temps
    Аu lіts des femmes
    Nul n'a le droit en vérité
    De me blâmer, de me juger
    Et je précise
    Que c'est bien la nature qui
    Est seule responsable si
    Je suis un homme, oh!
    Comme ils disent

    "TOLERANCE " quel joli mot
  • craig_lyner Dieu tout puissant
    craig_lyner
    • 24 novembre 2019 à 11:49
    oui il en faut dans ce monde abrupt et en même temps j'y vois aussi de la positivité, de la beauté , certes pas évidente mais c'est ce qui me fait relativiser au quotidien!!!

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