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Victor Hugo - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Victor Hugo
  • destr0y Membre confirmé
    destr0y
    • 6 avril 2015 à 02:24
    Demain, dès l'aube

    Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne,
    Je partirais. Vois-tu, je sais que tu m'attends.
    J'irai par la forêt, j'irai par la montagne.
    Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

    Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
    Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
    Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
    Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

    Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe,
    Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
    Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe
    Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
  • vinsang Membre suprême
    vinsang
    • 6 avril 2015 à 13:38
    Sublime poème d'un immense écrivain qui s'adresse à sa fille. J'admire !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 17:46
    Ce poème est d'autant plus émouvant que la fille de Victor Hugo s'était accidentellement noyée, et que, pour surmonter son chagrin immense, V. Hugo n'a eu que la ressource des mots ; ce poème s'adresse à une morte, et la ressuscite, à l'imagination, à la sensibilité et à l'esprit de son père, par la grâce du langage.
  • destr0y Membre confirmé
    destr0y
    • 6 avril 2015 à 22:53
    Merci au passage de vous incliner face à ce poème qui traverse les âges. visang , climax69007. La souffrance à ses grâces incomparables
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 6 avril 2015 à 23:43
    "Triste, et le jour sera pour moi comme la nuit."

    Le poème de Victor Hugo, se signale par le fait de n'être pas apprêté, parce que le chagrin ne se maquille pas ; ce huitième vers est remarquable de pudeur, un simple rejet de l'adjectif "triste", et une antithèse disant que tout se transforme sous le coup du chagrin.

    Et voilà comment Victor Hugo est grand, et pourquoi à sa grandiloquence romantique, œuvrant par ailleurs mais point ici, il se peut et il se doit pardonner : à cause de la sincérité dépourvue d'emphase.

    Et, son geste d'offrande, à une jeune morte, d'une plante toujours verte, dans le nom de laquelle on entend par approximation phonique "hiver", rejoint toute la tendresse humaine.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 7 avril 2015 à 00:09
    Eh bien, c'est aussi gai que dans un cimetière ici...
  • destr0y Membre confirmé
    destr0y
    • 7 avril 2015 à 00:54
    Tout en pudeur s'écoulent les pleurs, quand bien même dépouille la douleur. C'est fondre en Arme et libérateur, que s'évase le poison du coeur.
    Merci climax. Pour l'amour des mots Pour apaiser les intarissables sanglots...
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 7 avril 2015 à 21:31
    Eh bien, c'est aussi gai que dans un cimetière ici...

    Oui, les cimetières de ce qui n'est pas de l'heroic-fantasy, des jeux de plateau, ou des jeux informatiques, ne sont "pas gais" ; c'est seulement dans les jeux que les personnages acсumulent des points de vie, des capacités supplémentaires, des boucliers spéciaux, des sauvegardes.

    La fille de Victor Hugo s'est réellement noyée. Sans secours possible.

    Victor Hugo a réellement eu du chagrin. Puissamment.
  • destr0y Membre confirmé
    destr0y
    • 7 avril 2015 à 23:55
    La vie est un jeu. Pourquoi la prendre au sérieux puisque nous n'en sortirons pas vivant... Mais c'est sans remettre en cause la douleur indicible parfois que celle de perdre un enfant. Évidemment.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 8 avril 2015 à 01:27
    Eh bien, c'est aussi gai que dans un cimetière ici...

    Oui, les cimetières de ce qui n'est pas de l'heroic-fantasy, des jeux de plateau, ou des jeux informatiques, ne sont "pas gais" ; c'est seulement dans les jeux que les personnages acсumulent des points de vie, des capacités supplémentaires, des boucliers spéciaux, des sauvegardes.

    La fille de Victor Hugo s'est réellement noyée. Sans secours possible.

    Victor Hugo a réellement eu du chagrin. Puissamment.

    Là n'est pas la question, je me demande simplement, ce que certains peuvent bien trouver dans les écrits larmoyants, les drames, les histoires tragiques, c'est certainement du mаsосhіsmе.

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