C 'est vrai que la gauche peut se permettre de faire des leçons de moral !
Les socialistes sont irréprochables.
C'est vrai qu 'ils n'ont jamais eu à leur tête un homme venant de l'extrême droite.
Qui plus est, un homme venant de l'extrême droite et qui a fait écouter pendant des années la moitié de ce que Paris comptait de journalistes de politiques et bien d'autre.... et ce, de façon industrielle et non pas avec un magnéto, mais
via des écoutes téléphoniques très perfectionnées.
C'est vrai qu 'on a jamais eu de Présidents de la République qui avait pour conseiller personnel avec qui il passait ses vacances un ancien secrétaire général à la police du régime de Vichy.
Pauvre France !
Que répondre à cela ?
Si François Mitterrand a évolué de la droite à la gauche, devenant premier secrétaire du Parti socialiste, au congrès d'Epinay, cela l'honore.
Ce qui l'honore moins, c'est, après avoir mené, en 1981, une campagne pour la "rupture avec le capitalisme", de n'avoir rompu ni avec le régime de production capitaliste, ni avec les institutions de la Cinquième république - institutions issues du coup d’État des généraux en Algérie, après l'appel à la venue au pouvoir d'un homme providentiel.
Voilà les reproches majeurs, politiques, que moi, partisan de la gauche effective, j'adresse à François Mitterrand.
Ensuite, qu'il ait eu ses parts d'ombre, et notamment son amitié avec Bousquet, prouve combien des hommes de sa génération auront pactisé avec des parts du régime de Vichy, quand bien même ils ont résisté ; et ce n'est pas rien que d'avoir eu des liens, étroits, avec le secrétaire général de la police des collaborationnistes.
C'est impardonnable et inexpiable.
Qu'il ait fait écouter, en dehors de toute nécessité légale, selon son bon рlаіsіг, les uns et les autres, prouve combien François Mitterrand se sera moulé dans la fonction d'un président de la Cinquième république, avec ses pouvoirs discrétionnaires, outranciers, arbitraires.
Cela, le partisan du socialisme que je suis ne peut pas l'accepter, ni le pardonner. Parce que ce n'est pas la tradition de la gauche que de s'en remettre à un pouvoir arbitraire : "Ni dieu, ni César, ni tribun", telle est la saine tradition de toutes les gauches.
De la "gauche", j'attends autre chose que de la droite. Les affaires de la droite sont son mode de fonctionnement ordinaire, mais la "gauche" se doit de ne pas grenouiller dans les mêmes marécages.