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Atelier d'écriture... (page 3) - Jeux & divertissements

Sujet de discussion : Atelier d'écriture...
  • franck94 Membre occasionnel
    franck94
    • 6 décembre 2011 à 20:06
    « Laars ? Tu arrives ? Tu vas encore être en retard ! »
    Lentement, ma conscience émerge de mon état comateux et déclenche la remise en fonction de la « chauffeuse ». Le discret crépitement des cristaux se dilatant parvient à mes oreilles. J’attends patiemment le moment où leur vibration atteignant son paroxysme donnera naissance à la petite note cristalline, signal de ma libération. La mélodie attendue égrène enfin ses notes fluttées et le sarcophage s’ouvre délicatement en corolle.
    Je n’attends même pas le signal définitif de la libération ? Je suis grand, je n’ai plus besoin de ce guide d’age premier. Allègrement, je saute au bas de mon mausolée, et, après un bref passage au départiculeur (je n’aime pas devoir passer tout les matins par ce nettoyage !), je pars à vive allure rejoindre Mère qui, déjà toute pimpante, m’attends. Je note au passage que ses rides de la veille ont quasiment disparu. Elle a passé un bon repos.
    Sur le sensor est disposée ma collation du matin. J’aspire goulûment le nectar de trois des innombrables orchidées qui ornent le plateau, et fоuгге dans ma poche-ceinture quelques cristaux dans l’éventualité d’un petit creux. « Je suis prêt, tu vois, je n’ai pas été long ! ».
    Un coup d’œil maternel sur mon dépoussiérage général accompagné d’une moue désapprobatrice : « Tu as encore stoppé le départiculateur avant la fin de son programme ! Un jour, je serai obligée de te passer dans un aspi-robot si tu continues ! »
    Je ne prends pas la remarque au sérieux, je n’ai même pas peur des aspi-robots, de toutes façons, je suis maintenant devenu trop grand pour encore avoir peur de me faire аvаlег par leur grande gueule de sauriens. Mais je sens que Mère est fébrile, elle a rendez vous chez son retendeur, et ne veux pas être en retard. J’appose donc mes paumes contre celles de Mère. Un déclic dans le plafond nous indique que le Voyageur est prêt pour nous. Mère récite posément sa destination, puis la mienne. Juste le temps de l’entendre me souhaiter bon courage, et déjà, je me retrouve seul aux portes de l’A.M.P.H.I.
    L’A.M.P.H.I : fondé par Маîtге Kool, il y a plusieurs rotations déjà… Tellement que ne me souviens jamais du nombre (ni même la signification exacte des lettres qui composent l’A.M.P.H.I d’ailleurs !). En tout cas, beaucoup plus de rotations que je ne n’en atteindrai jamais avant ma « repousse » ! Mais j’ai l’avenir devant moi, après tout, bien que me sentant devenir « grand », je n’ai encore que 17523 rotations. Mère quant à elle commémorera bientôt sa 253 822 ème rotation. Encore une excellente excuse à festivités…
    « Coucou Laars ». Tiré subitement de mes réflexions, je me retourne et aperçois Syye qui s’approche de moi. Elle a encore changé de cheveux ! Tous les jours, elle s’offre une nouvelle pilosité. Bon sang, ça doit revenir cher à sa Mère cet excentricité…
    « Salut Syye, on est où ce matin ? »
    « 24ème sous sol, dans le neuro-incubateur Paléon. Encore une fatigante leçon d’histoire….. »
    Tout en bavardant sur les derniers groupes de vocalises en vogues du moment, nous nous rendons à notre salle de neuro. Par chance, je vis dans une petite colonie. Nous ne sommes que 120 millions d’individus, et disposons chacun d’un neuro-incubateur, pas comme chez les « grands colonisateurs ». Il parait qu’ils sont parfois obligés de suivre une leçon à deux par neuro-incubateur. Nuuk, toujours prêt à raconter des blagues m’a certifié avoir entendu dire que l’on avait même vu jusqu’à 4 individus par neuro !!! 4 ? Son histoire m’a fait rire pendant longtemps !!! Sacré Nuuk !
    En silence ordonné, nous nous présentons chacun notre tour devant l’entrée du neuro Paléon. En un instant, je me retrouve confortablement ré assemblé dans ma cellule. Chaque participant en place, la leçon commence.
    Déjà, je baille. Mais je ne peux pas fermer les yeux et retourner au sommeil : ces maudits bloque-globes veillent au grain… Ce sont de minusсules petits éclats de cristaux (non comestibles ceux là ! Tient, je repense à ceux mis de côté dans ma poche-ceinture miamm..), qui ont pour vocation de se mettre à vibrer à l’unisson dés que les paupières se ferment. Il parait qu’on ne les ferme qu’une seule fois dans notre vie en pleine leçon… Je veux bien le croire, je conserve un très mauvais souvenir de cette fois là. Mon cerveau est marqué à jamais au fer rouge par l’étrange sensation de dissociation moléculaire neuronale…
    La leçon semble s’éterniser. Encore 350 000 rotations d’époques emmagasinées dans ma mémoire. Pfffff tous ces empires qui se succèdent, l’un faisant tomber l’autre tel des ԁоmіnos.
    Vais-je arriver à les reclasser dans leur ordre croissant une fois la leçon terminée ? Ou arriverai je à les rassembler par axes mythologiques et politiques ? Déjà, je m’inquiète de l’interrogation que je vais devoir subir plus tard par Mère…
    Enfin ! La leçon se termine par un autre empire en perdition ! Quartier libre maintenant !
    Mère chez le retendeur, je ne la reverrai pas avant l’extinction du Grand Réacteur. (En fait, le retendeur travaille rapidement, mais c’est la reconstruction du derme qui est longue, et il n’est pas recommandé de s’exposer à l’atmosphère avant que toutes les cellules du corps ne se soient ressoudées entre elles. Et tout cela, pour conserver un corps parfait jusqu’au moment de la « repousse ».)
    Je me décide donc d’occuper mon temps libre à aller rendre une petite visite aux crêtes. Ces dernières, ainsi nommées à cause de leur silhouette élancée vers les cieux, sont des sortes de montagnes, faites de divers éléments et qui datent de bien avant notre arrivée (leçon 6284 d’histoire ! pour vous dire), et d’après les Mythoexplorologues, elles auraient été érigées par une espèce disparue depuis longtemps.
    Je flâne donc seul au milieu de l’étrange architecture qui m’entoure. Tout ici sent le vieux et la poussière. Par contre, la vue sur notre colonie brillante, en contre bas, est imprenable.
    Sur le chemin du retour, j’avise un objet brillant qui dépasse du sol. Les secousses régulières de la colonie ont tendance à faire remonter à la surface d’étranges pièces, vestiges d’un passé à jamais révolu.
    Mais cette fois, l’apparence de l’objet qui émerge de la poussière me laisse perplexe. Cela brille comme du cristal, mais est opaque comme de la roche. Je n’avais encore jamais vu cet aspect lisse, brillant et opaque. Intrigué, je m’approche et tente de déloger cette pièce incongrue de son linceul de poussière. Las ! Elle semble bien enchâssée dans le sol et résiste à toutes mes tentatives.
    Je cherche ma balise dans ma poche-ceinture (et croque au passage quelques délicieux cristaux chapardés ce matin), et contacte mentalement Nuuk. Ce dernier pioche dans mes images cérébrales et se décide à venir me rejoindre devant mon interrogation, pour me prêter main forte.
    Un holographe le dépose peu de temps après, accompagné de Syye, qui comme d’habitude a du épier nos coms grâce à son scanner. « Bon, bienvenue Syye, tu ne sera pas de trop je pense. Regardez : »
    Nous avons donc combiné nos efforts, et nos cerveaux. Syye eu l’ingénieuse idée d’utiliser les piles de nos balises pour « booster » nos déplaceurs-suspenseurs (sans lesquels nous serions littéralement écrasés par la gravité –leçon 128 de géophysique multidimensionnelle, pour vous dire !). Et ces derniers furent enfin récompensés !! De nos bras puissants, Nuuk et moi soulevons l’objet, pendant que Syye ajuste les déplaceurs.
    Finalement, décoincé du sol, il n’est pas si lourd que cela. Syye, toujours aussi « pratique » trouve que l’objet ressemble vaguement à une grande boite de rangement à vêtements. Pour ma part, je lui trouve une ressemblance avec un grand plateau à cristaux. Pas d’avis pour Nuuk, il m’enjoint d’essayer de l’ouvrir. En effet, en secouant l’objet, nous entendons qu’à l’intérieur, des pièces viennent se heurter aux parois. Il est creux. Fébrilement, avec toute l’impatience liée à notre petit nombre de rotations, tous les trois, nous entreprenons d’ouvrir la boite à vêtement comme l’a baptisée Syye. A force de tirer dans tous les sens ce grand cercle, la « boite » s’ouvre en deux parties, et il en tombe une foultitude de tout petits objets. Déjà Syye et Nuuk inspecte ces petites pièces faites du même métal que la grande boite. Pendant ce temps, j’avise sur les parois une sorte de disque, plat, dont la taille n’excède pas la moitié de ma main. Sa couleur est brillante, jaune et … brillante. Je reste émerveillé devant. Il y a même de petits symboles gravés dessus. Immédiatement, je m’en saisi car je sais ce que c’est : un cadeau pour Mère et sa nouvelle rotation. Je le ferai enchâsser dans un cristal bleu, et lui offrirait comme bijou.
    Nuuk et Syye ne se lassent pas de décortiquer le contenu tombé sur le sol. Pour ma part, j’ai le cœur léger. Mère sera fière de moi.

    1977 : envoie depuis la Terre dans l’espace des sondes Voyager I et II par les Etats-Unis. A leur bord, outre divers instruments de mesure, un disque de phonographe, de 30 cm de diamètre, fabriqué en cuivre et plaqué or. Il contient foule d’informations sur notre planète, nos cultures, nos musiques et nos langues.
    Extrait du discours de Kurt Waldhein, ancien secrétaire Général des Nations Unies, à cette occasion :
    « J’adresse mes salutations au nom du peuple de notre planète. Nous sortons du système solaire et nous plongeons dans l’univers pour ne chercher qu’un contact pacifique ».

    (Plus d’informations sur http://www.omegalima.com/ET/Sondes.html)

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