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Auschwitz-Birkenau (page 3) - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Auschwitz-Birkenau
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 28 janvier 2015 à 17:50
    Je suis horrifié,dégouté par les écris de certains sur ce sujet

    Affirmer que l’on en a, ras la casquette d’entendre parler TOUS les jours des victimes du nazisme depuis 1945, est une horreur ? Nous sommes pourtant des millions à penser cela.

    Nos politiciens, fort peu imaginatifs, incapables d’innover, déterrent De Gaulle régulièrement afin d’en faire une caution à leurs arguments, mais on s’en tape de De Gaulle, il n’en reste rien de ce vieux débris, ces mêmes politiciens larmoient très, trop souvent sur l’holocauste, en citant cette phrase usée jusqu’au stгіпg, « Cela nous rrrrappelle, les heurrrres les plus sombrrrrres de notre histoirrrrre » lisez mentalement cette phrase, en faisant rouler les « r » avec une voix de canard comme les commentateurs collabos qui passaient à la radio dans les années 40, (ouais certains collabos étaient peut-être de votre famille, car les collabos se reproduisaient également, et on ne me fera pas croire que TOUS les français d’aujourd’hui sont les descendants de héros fusillés, hein).

    Ce matin encore, j’entendais à la TV, la France est antisémite, ben voyons, les gars, afin de paraphraser un ministre de Sarkozy, je répondrai, « La France, tu l’aimes ou tu la quittes », si nous sommes d’immondes antisémites, Israël, vous ouvre les bras, je doute qu’il soit un havre de paix, cible permanente des états théocratiques, roquettes et bus explosant régulièrement, bref, ça craint…

    Marre des communautarismes, on pointe souvent du ԁоіgt les musulmans, ils ne sont apparemment pas les seuls, bref, foutez-nous la paix avec votre religion, et votre histoire.

    Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Mohammed, et je ne suis pas Jacob, mais je ne suis pas non plus Adolf.

    VOILA ,Jean, tu as de nouveau de quoi être horrifié.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 28 janvier 2015 à 18:11
    Désolé Climax, de refuser de porter les crimes des nazis et de la collaboration. Cela ne me concerne pas.

    Tu confonds, Draconis. Personne ne te demande de porter les crimes des nazis. Et, si cela t'était demandé, il y aurait erreur sur la personne.

    Cette commémoration-là fait partie du temps qui structure et rythme notre société. Il y a les cérémonies officielles et puis, tout simplement, sans que tu t'exposes toi-même à un bombardement médiatique, une remémoration, qui peut se résumer à ceci : "Les camps d'extermination ont existé ; des millions de Juifs, de Tsiganes, de prisonniers soviétiques ont été gazés. Et le nazisme manifestait un antisémitisme jamais vu jusqu'alors, et meurtrier."

    Comme tu peux le constater, une courte remémoration, remettant en perspective des faits historiques, n'envahit pas.

    Personne ne te demande de te couvrir la tête de cendre, comme Job accablé de toutes les disgrâces du monde. La remémoration n'est pas un revécu de ce que ni toi ni moi n'avons expérimenté.

    Ce n'est pas un acte relevant d'une idiote convention.

    C'est un acte qui marque la reconnaissance d'une extermination singulière dans le cours de l'histoire humaine.

    ---------------------------------------------------------------------

    D'autres titres sont parus, depuis l'ouvrage de David Rousset ; mais il s'agit là du livre pionnier d'un détenu, qui était trotskyste à l'époque, qui n'était donc pas couvert par les chefs de chambrée (les Kapos) staliniens - en lutte avec les détenus prisonniers de droit commun pour l'hégémonie dans l'administration interne confiée aux détenus par les nazis - : c'est "L'Univers concentrationnaire" (qui avait reçu le prix Renaudot à l'époque). De plus, David Rousset, prisonnier politique, ne décrit pas les camps d'extermination.

    Rappelons que David Rousset a, ensuite, animé une commission internationale d'enquête sur les camps staliniens en Union soviétique.


    9782818502525FS.gif
    Prix : 7 euros et soixante centimes.
  • draconis Légende urbaine
    draconis
    • 28 janvier 2015 à 18:16
    Comme je l'ai dit plus haut, nous approchons lentement mais surement d'une vie d'homme séparant l'Holocauste de notre époque, je suis partisan de laisser désormais cela, pour les livres d'histoire. Ceux qui, comme moi, ne cautionnent pas ces actes, n'ont pas à subir de leçon de morale, ceux qui les cautionnent s'en fichent totalement, ces commémorations n'ont AUCUNE utilité. Je ne vis pas dans le passé, je ne me préoccupe que de l'avenir.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 28 janvier 2015 à 20:06
    Raul Hilberg, qui ne vivait pas dans le passé, depuis 1948 jusqu'à la publication française des trois volumes de "La destruction des Juifs d'Europe", dans la collection Folio Histoire, en 2006, aura fait du génocide des Juifs un objet d'étude historique.

    Grâce à ses travaux, rigoureux, ne cédant pas à des considérations morales étrangères à la substance du récit historique, chacun peut s'informer, connaître, рéпétгег dans la complexe réalité d'une extermination (qui est précédée, pour Raul Hilberg, de trois étapes, la définition du groupe "juif", son expropriation de la vie civile, sa concentration dans les lieux propices à la tuerie de mаssе), et la replacer dans l'ensemble de l'histoire du nazisme, de l'Allemagne (la causalité, plurielle, du nazisme) et, élargissons le champ, du monde.

    Si l'histoire, effectivement, est distincte de l'événementiel (reportez-vous au texte d'Yggdrasil, qui est magistral), et donc des délayages médiatiques, provoquant empathies ou rejets, et si les manuels scolaires et l'enseignement peuvent tenir leur rôle, c'est grâce à de telles sommes.

    Voici un entretien qui explique sa démarche d'historien.

    http://www.lauralaufer.com/spip/spip.php?article54


    9782070309832FS.gif
    Il y a trois tomes à douze euros et quarante centimes.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 28 janvier 2015 à 20:15
    Comment les travaux historiques de Raul Hilberg ont déterminé son regard sur les autres génocides du vingtième siècle (au Rwanda, au Cambodge, à Timor).

    Ainsi, la science historique peut informer un regard, l'affiner, faire voir des ressemblances et des traits singuliers : elle sert - aussi - à apprécier les événements du présent avec un regard plus aiguisé !

    Un extrait de l'entretien auquel je renvoie plus haut.

    Laura Laufer : "Au XXIe siècle reste-il une spécificité du génocide des Juifs d’Europe par rapport au génocide rwandais ? Et laquelle ?"

    Raul Hilberg : "Quand il y a environ dix ans [le génocide rwandais a eu lieu en 1994] se déroula au Rwanda le massacre des Tutsis, je fus frappé d’abord par le fait que cela arriva par surprise, que c’était inattendu. De toute évidence, il y a de nombreux pays nouveaux en Afrique : dans le monde occidental, c’est-à-dire les États-Unis ou l’Europe, les gens ont même des difficultés à situer ces pays sur une carte et cela est particulièrement vrai pour les nombreuses terres enclavées d’Afrique comme le Rwanda, un petit pays habité par deux communautés l’une Tutsie, l’autre Hutue, mais avec des Hutus plus nombreux que les Tutsis. En général, le monde occidental n’avait pas vraiment d’idée de qui étaient ces gens ou pourquoi ils étaient engagés dans une confrontation hostile. Après tout, ils parlaient le même langage et le pays avaient été christianisé comme catholique. Ce n’était ni le facteur linguistique ou religieux qui pouvait fournir les raisons du conflit, si tant est qu’il devait y avoir un conflit. Jusqu’à ce que rétrospectivement on découvre les racines de l’antagonisme entre Hutus et Tutsis. J’ai pu observer à ce propos que l’Europe avait agi avec ambiguïté J’ai noté également que l’Europe a été l’objet, sans ambiguïté, d’une instrumentalisation par un groupe dans le but de réduire l’autre à néant.

    Même si des massacres ont pu avoir lieu dans les années qui ont suivi la période de l’après guerre, comme au Timor Oriental ou dans d’autres pays reculés, le Cambodge et maintenant le Rwanda avaient cette particularité qu’on y a massacré des hommes des femmes et des enfants dans le seul but de ne pas en laisser un seul survivre. La troisième caractéristique qui est, dans un sens la même que celle du désastre pour les Juifs d’Europe, c’est que cela est arrivé sans que cela n’affecte ou n’interfère d’aucune façon sur les pouvoirs en place en Europe. Je mentionne cette circonstance avant tout dans le dernier chapitre de mon livre car quand la Deuxième Guerre Mondiale prit fin avec la libération des camps tels Buchenwald, les détenus exigèrent « Plus jamais ça », « Nie wieder » (en allemand " jamais plus") et cette notion du « Plus jamais ça » a été incorporée dans les conventions internationales pour obliger à ne pas rester sans intervenir si un fait semblable se répétait... et bien cette fois ça a eu lieu et personne n’est intervenu. De plus, pendant la Seconde Guerre Mondiale on a tiré excuse de la priorité donnée à la guerre pour ne pas aider les Juifs, alors que dans le désastre du Rwanda, il n’y avait pas de guerre. Pour moi cette dimension est d’une importance déterminante."
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 28 janvier 2015 à 22:20
    L'histoire de la destruction des Juifs européens existe, notamment pour que soit fausse la phrase prononcée par Heinrich Himmler, en octobre 1943, à Wannsee, devant les généraux SS, affirmant que la destruction des Juifs d’Europe devait être « une page glorieuse de notre histoire qui n’a jamais été écrite et qui ne devra jamais être écrite ».

    Les nazis tenaient au secret de l'extermination ; l'histoire en dévoile les grandes lignes, les détails de l'organisation, les étapes de la mise en place depuis la catégorie juridique nazie "juif" jusqu'au rassemblement dans les lieux de mise à mort.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 29 janvier 2015 à 19:48
    Il est indécent (c'est un jugement moral, oui) de vouloir effacer du temps civique la destruction des Juifs européens, dans ce pays, la France, dont le régime collaborationniste du Maréchal Pétain a promulgué - comme le régime nazi - des lois antisémites d'exclusion de la vie sociale, puis imposé le signe distinctif de l'étoile jaune et déporté, massivement, par ses forces de police, les Juifs, et livré ceux-ci aux occupants pour qu'ils et elles soient transporté(e)s vers les lieux de leur mise à mort.

    Dès la fin de la seconde guerre mondiale, il s'est trouvé, en France, du côté de l'extrême-droite, des gens pour estimer que le malheur des Juifs étaient une invention, ou une histoire superflue, ou un geignement indécent de personnes avides de réparations financières. Déjà, il se trouvait des personnes pour récuser et la véracité et l'utilité du souvenir, s'appuyant sur ce que les historiens honnêtes reconstituent de la destruction des Juifs européens.

    Je ne suis pas un fanatique des commémorations officielles ; l'histoire a très peu à voir avec l'usage qu'en fait l’État. Cependant, commémorer la libération des camps ne me paraît pas cautionner un antifascisme suspect (le négationniste Pierre Guillaume, de la nouvelle "Vieille Taupe", vomissant l'antifascisme, n'a pas vomi en devenant l'agent du négationniste Faurisson), ni ne me paraît une rumination infinie d'un passé négligeable.
  • Made_in_France Modérateur
    Made_in_France
    • 30 janvier 2015 à 11:20
    Merci à tous de votre participation et surtout à toi Climax avec ton argumentation.

    J'ai oublié de préciser le prix du livre ... 25 € mais il est très bien fait.

    N’effaçons pas le passé de nos mémoires.

    Bon week-end à tous !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 11 février 2015 à 16:59
    Relisant ceci, des jours après, je m'aperçois que la condition hоmоsехuеllе devrait inoсuler le sens de ce qu'est une persécution meurtrière, à partir de l'ехрéгіепсе des gays et du souvenir de leur histoire (sоԁоmіе dépénalisée en 1791 ; deuxième Empire et troisième République lâchant ses agents de police dans les ріssotières ; 1981 pour la mise à égalité d'une relation hоmоsехuеllе et d'une hétéгоsехuеllе, en France ; la planète avec de nombreux pays lapidant ou emprisonnant les homos), cependant il n'en est rien, il faut donc nous résoudre à ce que l'empathie à l'égard du malheur des autres - un malheur qui anéantit, réduit en fumées et en cendres - ne soit pas donnée avec le fait d'être minoritaire.

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