Pifou, quelque part, tu poses le problème de la compréhension de l'autre.
Ce n'est peut peut-être pas notre amour qui est plus grand ou plus petit mais notre compréhension du fonctionnement de l'autre.
L'amour fait son lit en fonction du résultat de cette démarche.
Difficile de parler de véritable intimité sans cette connaissance de l'autre.
Pas facile non plus d'être conscient d'une réciprocité des sentiments sans cela.
On s'imagine que mais qu'en est-il au juste
On est chacun dans son film; on est l'acteur principal et notre partenaire est le second rôle.
Lui a son propre film et on en a pas le rôle principal.
Dans ce contexte là, on parle d'amour mais c'est un amour relatif.
Pour moi, dans le véritable amour, on existe pas dans son film et l'autre est le personnage principal; on ne voit que lui.
Si, à ce moment là, la réciproque existe, on est chacun dans le film de l'autre, ce qui permet aux deux d'exister.
Mais ce sont des moments rares, une extase qui, peut-être nous tuerait si elle durait trop longtemps.
Une période où on existe plus, où on peut oublier de manger, où le temps est suspendu.
Quand on a connu cela, toute sa vie ensuite, on court après et cela ne peut qu'être décevant car, par définition, ça ne dure pas.
Alors, la tentation n'est pas loin de se dire qu'on a aimé plus que l'autre afin de fuir la paternité d'une déception programmée.
Elle l'était parce que l'on a pas été cueilli par l'amour mais parce qu'on était dans la démarche de le cueillir, porté par le désir de renouveler cette délicieuse extase.
Pour moi, c'est le cœur de la question: L'amour qui se nourrit du passé échoue, l'amour qui est un projet échoue, l'amour qui connaît le temps qui passe échoue.
L'amour est un présent du présent qui ne supporte ni comparaison, ni compétition, ni évaluation à titre posthume.
Il est.