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Рlаіsіг émotionnel de la traduction ! - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Рlаіsіг émotionnel de la traduction !
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 5 août 2018 à 20:37
    Le рlаіsіг n'est pas démonstratif, ni ne se gonfle par excellence. Le рlаіsіг a des voies discrètes et solitaires, qui se frayent dans mon fatras inerte et mort, son passage ; il ne se traduira pas par des réflexes de mоп согрs et par des imaginations au large spectre éгоtіԛuе ; non, le рlаіsіг a une venue par des chemins de traverse, et il se rend présent à ma perception sensible avec timidité.

    Je traduis des mots portugais : l'on pourrait réduire cela au jeu de l'exacte correspondance, en confondant les langues avec des répertoires de mots et de tournures idiomatiques ; je pourrais être une machine me situant aux alentours de la signification des mots.

    Or, si je veux, s'il y a une détermination à maintenir, c'est bien celle du plongeur sans rémission, qui se livre aux remous fatidiques, ressentis, éprouvés, intégrés en moi, parce que je me livre aux sentiments qui résonnent dans les mots en situation, à ces sentiments que je veux à toute force éviter pour me garder intact en vue de quelle éternité (si ce n'est celle mortifère de l'évitement de vivre et ressentir) ?

    Oui, il y a cet infime déploiement des mots, cette résonance de leurs significations multiples, leurs possibilités de significations balançant entre potentiel et effectif dans ce texte portugais ; et je décalque, et je vais au-delà du décalque, et je dépasse la répétition rassurante des significations par les mêmes sémèmes (unités de sens en linguistique), et je me noie dans ce nœud de la gorge, dans ces larmes à fleur d'écoulement, dans ces sentiments que je vais devoir, si traduction il doit y avoir, une fois de plus, outre l'auteur et ses lecteurs de langue portugaise, ressentir et REVIVRE.

    Il n'est pas d'autre voie que celle du sentiment qui s'applique aux texte en portugais, pour le percevoir et le décrypter, et lui restituer son sens en rencontrant l'émotion de ses mots.

    Et je navigue entièrement à discrétion de ces mots portugais, qui me рéпètгеnt et me hantent, jamais assez, jamais avec assez d'acuité, jamais avec assez de dureté pour que je puisse être honnête en plein, et trouver l'exact répondant des phrases et paragraphes et chapitres portugais.

    Le seul moyen, qui puisse être en usage, est cette table des sentiments, où un texte vient pincer, de manière analogique, pour que résonne en vérité son portugais qui doit passer en français ; et je dois me réduire à cette table où la corde cordiale du cœur est sollicitée pour, avec rectitude, en toute morale de traducteur, arriver à un texte français qui ne trahisse pas au-delà de l'accoutumée.

    Si je ne trahissais pas, je reproduirais, les yeux fermés, le même texte, mais portugais !!!

    Si je ne trahissais pas, je ne serais qu'une machine décervelée de sa psyché !

    Mais si je trahissais de trop, je serais un être insensible, n’ayant aucun recours à mes émotions qui sont les constituants de mon pôle Nord dans cette affaire de transmission et d'amour qu'est la traduction.

    Telle est une ехрéгіепсе vécue !

    "Com amor, carinho e com teus olhos lindos
    Dentro do coração" para Carlos J. Simões. G. de Almeida
    (Loulé, Portugal, 1958 - Villeurbanne, France, 13 de Dezembro de 2013)

    "Avec amour, affection et tes jolis yeux
    A l'intérieur du cœur", pour.... (voir plus haut)


    Climax007, le 8 Août 2018.
  • acis Membre élite
    acis
    • 5 août 2018 à 21:55
    Merci pour ce texte, Climax : il foisonne de ton ехрéгіепсе, et de ta sensibilité ; de ton amour conjoint, aussi, pour les textes portugais et ta langue maternelle.

    Tu as parfaitement décrit la sensation paradoxale - schizophréпіԛuе - que provoque la traduction et les рlаіsігs qu'elle procure chez ce traître servile qu'est le traducteur : d'un côté au service du texte originel, de son sens, de sa langue, de son auteur ; de l'autre côté sоumіs aux exigences contrariantes d'une seconde langue, elle-même porteuse d'une vision du monde différente, et employée à travers le prisme d'une sensibilité propre et singulière qui est celle du traducteur.

    J'ai traduit des textes techniques, mais ne me suis que peu attelé à des textes littéraires, si ce n'est pour mon рlаіsіг propre et de façon capricieuse (Marc Aurèle, méritait bien mieux). Il m'arrivait de repenser, la nuit, à certains mots, à certaines phrases, avec des scrupules et des remords, tantôt parce que je m'étais trop éloigné du texte de départ, tantôt parce qu'étant resté chevillé à son corps, ma traduction enlaidissait la langue de destination.

    Il y a, dans la traduction, la recherche d'un équilibre perpétuellement instable.
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 5 août 2018 à 22:30
    Tu remarqueras - ACIS - que, si tu balançais, c'est que Marc-Aurèle, loin d'écrire un traité didactique, a écrit des pensées, le mettant en jeu lui-même, avec sa personnalité : lui aussi balançait entre observance stricte et vie plus courante avec ses arrangements avec le stoïcisme.

    Comme tu l'exprimes si bien, oui, nous balançons comme traducteur, certes entre deux langues, mais aussi entre la tentation du calque insensible et la tentativedes mots rendus par notre sensibilité que nous assumons !

    Et là est la création du traducteur,qui n'est pas un serviteur mais sui doit se mettre au diapason du texte traduit, de tout son cœur, sinon c'est peine perdue, les mots ne viendront pas, ils seront morts-nés !


    Merci, Acis, c'est un рlаіsіг de pouvoir aussi discuter de cela ici, sur Ton Gay !!!

    Et, comme le latin a une belle flexibilité étrangère

    au déroulement canonique du français ; le portugais

    est aussi souple que le latin quant à la syntaxe,

    aussi complexe pour la concordance des temps

    (qu'il me faut éliminer dans une traduction française

    pour qu'elle soit vivante, telle est mon choix, pour LE texte

    que je traduis), aussi allusif et langue de situation !
  • ewen22 Membre pionnier
    ewen22
    • 5 août 2018 à 22:34
    « Traduttore, traditore » ça résume tout !

    depuis le temps que je le répète...
  • blue-arts Légende urbaine
    blue-arts
    • 5 août 2018 à 23:30
    Toujours une charmante écriture Serge..
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 5 août 2018 à 23:50
    En réponse au message de seligkeit :

    « Traduttore, traditore » ça résume tout !

    depuis le temps que je le répète...

    Cela "résume" tout, ben crois-tu ??

    Expérimente seulement de te mettre au diapason d'un texte à rendre en français : comment faire, Seligkeit, voilà la question ! Quelle parie de soi mettre en avant : naturellement, le savoir acquis des structures de la langue de départ (vocabulaire, structures idiomatiques, syntaxe, verbes, aspects verbaux importants en portugais, non-exprimé etv indispensable) ?

    Ou alors la froide compréhension qui sait comme un crabe avec la logique (je charge la barque et force le trait)

    Ou la compréhension sensible qui piochera dans la savoir mis en réserve, et s'en dispensera au besoin pour risquer des traductions inédites mais justes, jamais аvаlisées par les dictionnaires ?

    Figure-toi que je pleure en traduisant actuellement, eh oui !

    Seligkeit, je sais que tu fais brusque et concis, dans la formule sans éclat, pour me mettre en pétard, provocateur, vaï !

    Le caniche mordille les chevilles ! Aïe, ça va pas cesser, non, oh, couché !
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 5 août 2018 à 23:51
    En réponse au message de patrice30 :

    Toujours une charmante écriture Serge..

    C'est l'effet de la traduction qui met en jeu les sentiments, et la sensibilité et, donc, ce que je suis, Patrice ; il n'y a pas d'effet sans cause bien déterminée, je te la livre !

  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 5 août 2018 à 23:59
    Oui, Acis, tu vises juste et touche en plein !

    Si je n'aimais pas les deux langues, et la mienne natale extraite de mon silence d'enfant, et d'autant plus précieuse ainsi, et la portugaise, que je m’efforce par le рlаіsіг de la lecture et de l'entente cordiale (utilisons pour AUTRE CHOSE cette expression désignant une combinaison de puissances impérialistes de 1914-1918) de rendre mienne en m'assouplissant à elle, eh bien il n'y aurait pas de rencontre d'amour !


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    Oui, la traduction est comme un Ьаіsег où deux langues

    copulent, et s'enroulent et vibrionnent et se conjuguent

    et s'emplâtrent de salive et se fécondent et se font

    des enfants de l'amour : même si le traducteur est homo,

    il ne répugne pas à ces délices des copulations linguistiques !

    Sans froideurs & sans retenues aucunes !


    La traduction est un sorte d'éгоtіsmе à basse intensité,

    avec ses explosions comme le moteur !
  • ewen22 Membre pionnier
    ewen22
    • 6 août 2018 à 00:12
    En réponse au message de climax007 :

    En réponse au message de seligkeit :

    « Traduttore, traditore » ça résume tout !

    depuis le temps que je le répète...

    Cela "résume" tout, ben crois-tu ??

    Expérimente seulement de te mettre au diapason d'un texte à rendre en français : comment faire, Seligkeit, voilà la question ! Quelle parie de soi mettre en avant : naturellement, le savoir acquis des structures de la langue de départ (vocabulaire, structures idiomatiques, syntaxe, verbes, aspects verbaux importants en portugais, non-exprimé etv indispensable) ?

    Ou alors la froide compréhension qui sait comme un crabe avec la logique (je charge la barque et force le trait)

    Ou la compréhension sensible qui piochera dans la savoir mis en réserve, et s'en dispensera au besoin pour risquer des traductions inédites mais justes, jamais аvаlisées par les dictionnaires ?

    Figure-toi que je pleure en traduisant actuellement, eh oui !

    Seligkeit, je sais que tu fais brusque et concis, dans la formule sans éclat, pour me mettre en pétard, provocateur, vaï !

    Le caniche mordille les chevilles ! Aïe, ça va pas cesser, non, oh, couché !

    S'il te plait de le croire...

    La traduction est une composante essentielle de mon métier. Je crois juste que je connais un peu le problème...
  • parfum-de-femme Membre élite
    parfum-de-femme
    • 6 août 2018 à 13:31
    Quelqu'un pour me traduire le texte de Climax en Français



    Bien que régionale de l'étape, son dialecte heurte mon front national et tord mes pavillons métropolitains.
    Quelqu'un traduit-il le… Portugays

    Plus sérieusement, lire un texte écrit par quelqu'un qui pratique la même langue que soi tout en se faisant une représentation fidèle de sa pensée est déjà une vanité.
    Alors, la prétention de faire la même chose à propos d'une langue étrangère me parait bien hasardeuse…

    Toute langue est un appauvrissement de la pensée qui la génére.
    Une simplification mutilante de la pensée humaine.
    C'est l'idée d'un code commun pour se comprendre au prix de quantité d'éludations de sens, de perte de précision, de généralisations, d'approximations.
    Ensuite, on va s'efforcer de trouver dans la langue cible quelque chose qui dit la même chose que celle de la source alors que, déjà, la source est une imposture…

    C'est un peu comme рéпétгег dans un jardin et le décrire.
    Si on y a pas grandit, si on l'a pas édifié de ses mains, si on y a pas planté les graines, si on ne s'en est pas occupé…

    On va décrire un jardin et un visiteur lisant le récit pourra peut-être le reconnaître.
    Mais son jardinier trouvera certainement la description bien fade.

    Climax, c'est bien que tu t'intéresse aux textes puisque tu y trouve du рlаіsіг.
    Mais n'oublie pas que l'important n'est pas la description du jardin mais le jardin.
    L'important n'est pas ton récit du pied que tu prends en traduisant.
    Lui-même est une démonstration de ce que j'écris: Pale reflet de ton рlаіsіг de traducteur et tentative illusoire de partage d'un truc qui se vit bien plus qu'il s'explique.

    Alors, fait toi рlаіsіг, continue à traduire.
    Quels que soient tes efforts, les gens lirons autre chose que ta pensée mais ce que la leur leur commande de comprendre.
    Toi-même, tu fais la même chose en traduisant avec le filtre déformant de ta pensée, de tes représentations, de tes schémas mentaux.

    Je ne sais si je traduis bien ma pensée, preuve de la complexité de l'affaire…

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