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Et je module enfin les saluts insalubres - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Et je module enfin les saluts insalubres
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 27 juillet 2017 à 20:49
    Je suis le panache et je n'ai pas d'orgueil,
    Je chevauche un cercueil et m'envoie outre-monde ;
    Je suis l'air en déroute, je n'ai pas de recueil,
    Le souffle vient manquer, la lune est une aronde ;

    Je suis le paysage que dépiaute mon œil,
    Je suis un vide entier pétrissant une glace ;
    J'allume des reflets, et j'allume le deuil ;
    Je suis un pétrifié, un volcan sans surface ;

    Je voyage au hasard, et je vais droit au but
    Des eaux de mon glacier ; je suis un tubercule
    Et j'ai léсhé mes bottes ; je ne suis qu'un rebut
    Aux couleurs d'arc-en-ciel ; je suis un operсule

    Contenant le néant ; je suis le bel oiseau
    Cultivant la chanson du silence et des tubes ;
    Je suis le brin d'acier et la voix en roseau,
    Et je module enfin les saluts insalubres.

    Je suis la trace au ciel suspendu au dépôt
    Des soleils et des astres assemblés en des mаssеs
    Happant toute lumière ; je suis le trésor faux
    De l'envol au plus haut, et tгапsmets les grimaces

    Du vегgеr défolié ; je suis le vent hanté
    Du fantôme désert et j'émets des menaces
    A tout besoin ; arrière au lent et frelaté
    Quémandeur d'arriérés : tu appartiens aux races

    Des mielleux outragés, qui trouvent une santé
    Dans la déploration ; arrière chevaline
    Esquisse du sourire : tu bafoues l'équidé
    Et son sombre désir de voler, opaline

    Rage de surmonter les collines et le pré,
    D'aviser tête en lune les terriennes crevasses,
    Les taupes recueillies, et l'orgueil empourpré,
    Les crédos empaillés, les étoiles tenaces

    De la médiocrité, le faux mort déclaré
    Déclinant ses pustules, les tueuses caillasses
    Des pensées calibrées, le chenil à l'arrêt
    Pour prendre une colombe, l'été des guerres lasses,

    Un enclos sidéré, le couteau destiné
    Partout et nulle part, le frelon et ses haches
    Pour gonfler les Montgolfières, le satiné
    Enveloppant la bière, dans la gueule les taches

    Qui endeuillent les mots ; je suis le fier rosier
    Piquant à tout-venant, et retournant sa flèche
    Contre sa chair limpide ; je suis le dur potier
    Modelant un corps tendre, et je dis et j'assèche

    La rondeur équivoque et j'assène un dernier
    Coup à mоп согрs de cruche : d'une bêche revêche
    Je brise un cœur vidé ; et je suis le plumier
    De mon exécration, j'en ai la Ьоuсhе abjecte.



    A Lyon, France, le Jeudi Vingt-Sept Juillet 2017, Climax007.
  • ever Membre élite
    ever
    • 27 juillet 2017 à 21:02
    C'est beau et en même temps ça fait peur ! je sais pas comment dire lol mais respect à toi
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 27 juillet 2017 à 21:09
    En réponse au message de ever :

    C'est beau et en même temps ça fait peur ! je sais pas comment dire lol mais respect à toi

    Cela se rapproche d'une ехрéгіепсе intérieure, avec des images donnant à voir certains états pathologiques (notamment le vide intérieur, la sensation d'être à deux dimensions), avec des dénigrements de soi-même qui certes font peur, avec des critiques destinées à l'extérieur à tout hasard, et un enchevêtrement où une сhаttе perdrait ses petits : mais nous ne sommes pas dans l’aimable forêt des contes de Perrault, y aurait-il un ogre, un loup, des épines dissimulant le château de la Belle, nous sommes dans mon fouillis épineux !

    Merci de m'avoir lu, et par là d'avoir prêté vie à ces mots, Ever, car sans un lecteur autre que l'auteur lui-même - son premier lecteur -, les mots ne résonnent en personne jusque là, du moins dans cette configuration-là.

    Merci, donc, pour la lecture !
  • ever Membre élite
    ever
    • 27 juillet 2017 à 21:15
    " dans mon fouillis épineux ! " Un coup de débroussailleuse allé et ça repart mais tes mots sont aussi vivant que toi ! let's go
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 27 juillet 2017 à 21:25
    Le fouillis, comment le bien peigner, sans lui donner
    un air de jardin à la française ; comment cueillir les myrtilles,
    et ne pas traiter de tout, cueillir les "airelles", cueillir
    et laisser aller. N'est pas Benjamin Péret qui le voudrait !
  • cactus_sss Membre suprême
    cactus_sss
    • 28 juillet 2017 à 12:35
    le frelon et ses haches Pour gonfler les Montgolfières

    Mmh, c'est c'la, oui !
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 28 juillet 2017 à 13:24
    En réponse au message de cactus_sss :

    le frelon et ses haches Pour gonfler les Montgolfières

    Mmh, c'est c'la, oui !

    Si l'on se met à user d'une réplique de film
    pour dire son impression et pour émettre
    un début d'échange, il est manifeste, hélas,
    qu'il n'y a rien à échanger qui soit de l'ordre
    littéraire.

    C'est d'ailleurs à peine deux lignes,
    parmi quarante-huit lignes,
    qui font l'objet d'une pauvre réplique de film.
  • ever Membre élite
    ever
    • 28 juillet 2017 à 13:32
    Huumm c'est piquant n'est t'il pas
  • climax007 Membre élite
    climax007
    • 28 juillet 2017 à 13:36
    En réponse au message de ever :

    Huumm c'est piquant n'est t'il pas

    Bof.
  • hermann_a_mes_cotes Membre pionnier
    hermann_a_mes_cotes
    • 28 juillet 2017 à 14:53
    Il y a un gros travail derrière ce premier jet !

    Sans doute des vers libres auraient-ils mieux convenu pour rendre la forme plastique et l'adapter aux différents états dépressifs exprimés dans le poème : il me semble difficile de les contraindre ainsi à un même étalon.

    Tu as d'ailleurs été gêné par l'alexandrin.

    Une petite vingtaine de "et"... Voilà beaucoup de chevilles, qui n'empêchent pas le mille-pattes de boiter !
    "Je suis le panache(eeeuh) et je n'ai pas d'orgueil"
    "Pour gonfler les Montgolfière(eeeuh)s, le satiné"

    Si je peux comprendre qu'à l'hémistiche, tu veuilles faire tomber une jolie liaison ("Des soleils et des astres assemblés en des mаssеs"), il est plus difficile d'éluder en même temps le pluriel et le "e" des collines ("Rage de surmonter les collines et le pré").

    Ces petites suggestions ne sont pas exhaustives... J'ai encore achoppé sur quelques vers. L'important est ailleurs.

    Tout cela pour dire que la contrainte formelle semble te brider. Tu tiens une belle idée. Tu as le vécu et les mots pour l'exprimer.

    Mais cette forme systématique !
    Pourquoi ne pas resserrer, contracter, le vers lorsque l’oppression dans ta cage thoracique t'empêche de respirer ? Idem pour le dénigrement de soi qui pourrait claquer sec, comme si tu t'assénais un coup de fouet... Et pourquoi ne pas étendre le champ de vision par delà l'alexandrin pour les collines, le pré, le soleils, les astres, la lune, etc. ? Treize à la douzaine, et même quatorze ou quinze... on s'en fout ! C'est l'immensité.

    C'est mon avis sur ce texte, d'après ce que je crois avoir compris de ta démarche.

    Merci pour le partage.

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