Le tгіо pour Quand on n'a que l'amour a été à la hauteur. Non que je sois un inconditionnel de ces chanteuses, mais les quelques accords dépouillés de Camélia Jordana, et la réinterprétation proposée par Yael Naïm, en contraste avec la posture assez "jacques-brelienne" de Nolwenn Leroy, ont extirpé des paroles une puissance sobre, assez émotionnante.
Nathalie Dessay a laissé sourdre une colère froide, dans la chanson de Barbara.
Ce parti-pris est moins touchant. Mais il atteint sa cible.
Pour la Marseillaise, l'orchestration romantique – moins va-t-en-guerre que fédérative – de Berlioz, s’imposait en pareille circonstance. Et elle s'est imposée.
Par delà le constat d'une cérémonie républicaine plutôt juste de fond et de forme, l'auteur de ce topic pose une question intéressante.
Je n'ai jamais été favorable à ce qu'un texte soit sorti de son contexte premier. Et je ne le suis toujours pas. Ceci est une idée, jetée dans la marre. Je n'y adhère pas vraiment. Mais autant prendre conscience des concepts que nous manions actuellement, à travers une réflexion sur leur trajectoire historique. À quelle fin ils ont été créés ; ce que l'on entend en faire aujourd'hui.
Puisque tout le monde a faim d’un patriotisme assaisonné à toutes les sauces, peut-être aurait-il été bon de retravailler (pour les actualiser et se les réapproprier) les symboles historiques et violents de cette Patrie que tous se prennent à aimer. On aurait pu, par exemple, s’intéresser au patrimoine des chansons patriotiques, pour chercher quelles paroles répondent à cette soif soudaine de communion laïque. Il s’agirait de les extraire d’un texte originel trop-plein de haine revanchагԁe ; éventuellement de les adapter, et de leur donner une orchestration plus moderne.
Le réveil du peuple, et La défense de Paris offrent quelques couplets, pouvant servir de base de travail, si tant est qu’on veuille bien les mettre sur le métier.
Le réveil du peuple
Peuples Français, peuple de frères,
Peux-tu voir sans frémir d'horreur,
Le crime arborer les bannières
Du carnage et de la terreur ?
Tu souffres qu'une horde atroce
Et d'assassins et de brigands,
Souille par son souffle féroce
Le territoire des vivants.
[...]
Cité jadis si florissante, [Cité toujours si florissante]
Antique et superbe Lyon, [Antique et superbe Paris]
En vain une horde sanglante
À juré ta destruction. [À perpétré ces tueries]
La justice enfin te seconde;
Redeviens sous ses étendards
La première ville du monde
Pour le commerce et pour les arts
La défense de Paris
Non jamais sur cette terre
On ne vit en vérité,
Pareille calamité,
Ni plus affreuse misère,
Que celle que l’on subit [Que cette peine subie]
Sous le siège de Paris. [Sous les balles de Paris]
[…]
Que de mères en alarmes !
Gémissent en ce moment
Sur le sort de leurs enfants
Qu’a trahi celui des armes ;
Mort sous le plomb meurtrier,
Ou tout au moins prisonnier ! [Ou tout au moins mutilé]
Eh ! bien de tous ces ravages,
Nous souffrons sans murmurer ; [Nous souffrons sans abdiquer]
Loin de nous désespérer
Ils augmentent nos courages :
On ne vaincra pas Paris,
Tant que nous serons unis !
Et encore ! Les quelques ajustements procédés par moi, à la va-vite, et avec une maladresse patentée, demeurent lacunaires.