Hélas, le poète doit se faire la malle, parfois
pour être au parfum. Je ne sache pas que le Minsitère de l'Education Nationale en France envisage une promotion égale des langues du monde : c'est une réalité ; une autre réalité est l'apprentissage précoce de l'anglais préconisé par notre actuel ministre & l'on voit bien que les langues des immigrations (par exemple) ou les langues dites régionales (dont les créoles), qui gagneraient à être enseignées dans le cadre de l’Éducation Nationale et à servir de langues d'enseignement pour certaines matières sont tenus pour quantité négligeable. Il n'y a qu'en classe préparatoire aux grandes écoles, dans ce pays, que l'arabe reçoit un traitement digne de ce nom !!!
Cette politique linguistique indigente a de graves effets sur les élèves : dichotomie culturelle entre le milieu familial et l’École ; savez-vous ce que coûte, en termes d'échecs scolaires, le fait que les créoles, en Martinique, en Guadeloupe, à la Réunion, ne soient pas reconnus dans leur dignité, employés comme langue d'enseignement, cultivés au même titre que la langue nationale, le français ? Lorsque l'on s'obstine, pour les créolophones, comme pour toute langue maternelle, à n'user avec eux que du français, on les prive de la moitié d'eux-mêmes ; et lorsqu'aux francophones, on suggère que leur langue ne serait qu'un vague patois moins valable que l'anglais, non seulement on sert la soupe à l'Empire Américain, mais encore -je maintiens le mot- le but visé est de décérébrer les jeunes générations.
Par ailleurs, le nombre de professeurs est en chute libre, le nombre de postes mis aux concours diminue vertigineusement dans toutes les matières : au CAPES de portugais, on en est à une ou deux places par an !!!
Ce n'est pas parce que la réalité est déplaisante qu'elle doit être tue
et ma véhémence n'est n'est que celle de l'indignation, pas celle de l'aveuglement partisan. Je n'aspire, comme tous les enseignants, qu'à faire mon métier ; je le vois démoli chaque jour par ceux qui nous gouvernent.
Les ennemis du savoir et de la culture, les ennemis de la formation de la jeunesse sont en place & tiennent les leviers budgétaires de commande.
Alors, "Grândola, vila morena" est d'autant plus d'actualité ; et la naïveté n'est pas de mise.