Il y en avait un qui ironisait sur la mer démontée, et ça faisait rire, aux éclats, à vous trancher les gorges du public en hilarité plongé ; mais, si vous vous sentez démonté, la tête d'un côté, les jambes de l'autre, un espace indistinct faisant la jonction au milieu, le tout ressemblant à un puzzle bien secoué et sans espoir de résolution, il ne vous reste plus qu'à vous asseoir sur une seule fеssе, parce que l'autre est en déroute et s'est fait la paire, tandis que vous vous maintenez le menton appuyé sur la tranche d'une main, vous ne savez pas laquelle, peu importe, c'est la tenue de l'attitude qui compte, penser, oui, penser, égrener ces petits atomes que sont les mots, les engrener, les dégainer pour flinguer autour de vous des morceaux de réalité qui se laissent choir en poussant des petits cris de désespoir, et vous ne pouvez que tendre en pensée un fantôme d'oreille unique, que vous avez rattrapée voltigeant telle une trapéziste dans les airs, pour la manipuler de votre unique moignon, poignet mignon, en guise de parabole écoutant les grandes vibrations du monde se cassant la gueule, et vous voilà pris d'une danse de Saint-Guy, à onduler, à fricoter avec l'espace inoccupé, l'inerte salaud, tranquille comme Baptiste, qui vous іпtіmе d'une voix vous tгапsperçant, et mettant vos bouts bout à bout, en brochette, pour vous constituer dans la marmite d'un anthropophage qui soigneusement vous réunit, tête, membres, tronc, cheveux, prothèses, non sans avoir opéré un nettoyage de printemps qui vous fait reluire comme une patinoire lisse, très lisse, à deux dimensions, et vous voilà réduit à vous-même, égal, toujours égal à vous-même, selon un principe d'identité intangible.
L'être ou le néant, qu'ils disent ; eh bien, nous avons l'être et le néant, aussi et d'abord, espèces d'idéalistes, vaï !!!
Pensées du soir, bonsoir !
Climax69007.