Le lanceur d'alerte, belle image qui me fait penser à ces sociétés animales forte organisées, des rongeurs de la Prairie américaine, qui ont toujours un veilleur sur le qui-vive, regardant, reniflant, écoutant, prêt à donner le signal de l'alerte.
Fonction peu tribunitienne, et toute d'abnégation.
Je me sens proche de Snowden, car voici un homme, émergé de la bureaucratie des services secrets, et qui sacrifie sa carrière, sa tranquillité, sa sécurité quotidienne, pour annoncer - au travers d'informations fiables car pouvant être recoupées - que son pays - autre point, accepter de passer pour un traître - étend des réseaux d'écoute qui brisent toute possibilité de vie confidentielle et privée.
Ce n'est pas un héros : il ne se définit pas comme tel ; laissons-lui sa qualité d'être humain. Par contre, un impératif éthique fort le conduit à dénoncer - preuves à l'appui - un totalitarisme, ce qui le distingue.
Oui, Snowden, homme ordinaire, émergé du tout-venant, soudain se transforme en tout autre : l'homme qui marque combien des pratiques d'espionnage sont menaçantes, injustifiées, arbitraires, détestables.
Agirais-je comme lui ? Qui le sait ? Je l'ignore moi-même. Il y a en nous, en chacun, la capacité de ne pas collaborer à l'avilissement humain, mais est-elle suffisamment aguerrie, puis tenace, et décisive, pour l'emporter sur la lâche complaisance en nous, au moment de la décision ?
