Un sujet qui nous concerne tous et qui se satisfait mal de la rigidité des lois.
C'est d'humanité et de traitement individualisé qu'on a besoin surtout.
Je suis pour l'euthanasie en tant que possibillité offerte, pas en tant que voie tracée pour des gens qui vont mourir.
Je pense que c'est essentiel de savoir que, si on en exprime la volonté ferme et persistante, on puisse se suicider avec ou sans assistance.
Je parle de suicide pour ne pas me cacher derrière des mots moins conotés parce qu'il faut appeler un chat un chat.
On doit avoir la possibilllité de se suicider avec des produits fiables et sans douleur ajoutée quand la vie n'offre plus de perspective autre qu''un calvaire.
C'est humainement acceptable, socialement compréhensible, économiquement viable, affectivement souhaitable.
Alors, qu'est-ce qui coince
C'est qu'à travers la mort des autres, il y a la sienne propre.
Refuser celle des autres revient à refuser la sienne aussi.
Comme si on pouvait s'opposer à l'inéductable…
Marie Humbert a, semble t'il, souhaité vivre sa mort jusqu'au bout (un an d'hospitalisatiion).
On aurait pu s'attendre à ce qu'elle s'applique à elle-même la recette qu'elle a appliqué à son fils.
Ce que je pense de cette attitude, c'est qu'elle n'est pas la marque d'une quelconque hypochrisie mais la preuve que la soufrance de l'autre est plus insupportable que le sienne propre quand il s'agit d'êtres qui s'aiment.
Pour cette raison, je suis contre tout transfert de délégation de décision d'euthanasier du corps médical vers les proches.
C'est à eux que revient la décision d'arrêter les frais car l'acharnement déraisonnable doit rester un critère médical et non marqué par la proximité affective.
Pour moi, ce choix revient au principal concerné quand il peut l'exprimer ou à l'équipe médicale si celui-ci est dans l'incapacité durable d'exprimer sa volonté.
Mais pas aux proches qui ne peuvent à mon sens qu'être les messagers d'une volonté clairement expriméé quand cela était possible de la part de celui dont on doit décider le temps que mettra la mort pour faire son œuvre.
Mais c'est le médical qui doit soigner jusqu'au bout, c'est à dire également, quand cela devient une évidence, en tuant la personne.
C'est le corps médical qui est le mieux placé pour le faire de par ses compétences qui lui permettent de rendre quelqu'un insensible à ce qui lui arrive, y compris de passer de vie à trépas.
C'est quand celui-ci se soustrait à cette mission que l'on voit des proches se transformer en exécuteur, ce qu ne devrait être jamais le cas.
C'est quand une personne a peur qu'on la laisse agoniser qu'elle veut mettre elle-même mettre fin à ses jours, pas quand elle pense qu'on le fera pour elle si les choses vont trop loin.
Offrir un cadre praticable pour l'euthanasie est un bon moyen de laisser les gens vivre leur mort, avec les souffrances qui vont avec, sans cette précipitation d'en finir causée par l'angoisse d'une mort inhumaine.
Non pas celle causée par quelque produit léthal mais celle d'une agonie interminable procurée par une science dédiée à la performance d'une vie qui n'a plus de sens.
La mort, assistée ou non, est bien plus douce que la survie à tout prix au seul motif que c'est possible avec la maîtrise médicale que l'on a.
Quand les gens savent qu'ils peuvent dire stop si les choses vont trop loin, qu'ils peuvent donner des instructions qui seront suivies comme, par exemple ne pas réanimer, ils ne sont plus, dans 99% des cas, demandeur d'euthanasie.
Et le 1% restant, il est grand temps, à mon sens, de lui permettre de tirer sa révérence selon sa préférence.