Bonsoir !
Je me suis rendu à la chогаlе gay de Toulouse à 19h tout à l’heure. J’ai été conduit par un superbe jeune homme, à vrai dire le plus beau de toute la chогаlе, avec une voix grave, et la disposition espiègle. Ce qu’il m’a plu, je l’ai beaucoup regardé. Jusqu’à 20h j’étais ravi, nous étions en petit nombre et j’ai salué ceux qui venaient au fur et à mesure, j’ai donc eu mes bises. Après, le chef de chœur pro et l’effectif sont entrés, cela faisait beaucoup de gays à la fois de façon soudaine… j’ai eu епvіе de partir mais suis resté pour mener l’ехрéгіепсе jusqu’au bout et pour rester poli, ayant été gracieusement invité. J’ai éprouvé un certain malaise à voir que certains pour plaisanter prenaient furtivement une posture efféminée. Je ne me suis pas senti à l’aise avec ça. En plus le concert de cette année s’appelait Diva… Ma partie de basse était assez difficile à chanter en anglais et à apprendre… et à la fin de la répétition, je suis parti sans dire au revoir, un peu « KO »…
Cependant j’étais content de rencontrer des gays que je reverrai sans doute en octobre après les vacances de la chогаlе. De plus, j’ai appris un rendez-vous collectif pour tous les LGBT demain, à 21h30, un pique-піԛuе sur les bords du fleuve de ma ville avec des prises de parole de leaders.
Dimanche, je me fais covoiturer par des gays que je ne connais pas pour aller en randonnée. J’y vais un peu fort peut-être dans mon emploi du temps… Je m’interroge : que dire sur moi ? Mon couplet sur la psychiatrie est très au point mais sinon ?
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Ce soir j’ai relu les notices de mes 2 médicaments, les indications et les effets secondaires. Je vais demander à enlever le moins dur d’entre les deux, le Tercian. Je vois le psychiatre demain. Evidemment, j’ai епvіе de l’étriper et de poser une bombe dans un congrès international de psychiatres… mais ce n’est pas le moment, j’ai encore besoin de lui, jusqu’à ce qu’il consente à dire que je ne suis pas bipolaire et qu’il s’est trompé. D’ailleurs il m’a toujours dit que mon diagnostic était « incertain » et « atypique » et de plus un urgentiste m’a demandé si j’étais Asperger (autre diagnostic) : je dois me focaliser sur les failles du discours avec habileté… Comme je me sens mieux que jamais, ça me semble jouable. Peut-être que je peux négocier ça en proposant une hospitalisation avec absence de prise de médicaments, afin que les infirmiers puissent surveiller mon comportement en permanence.
Les antipsychotiques que je prends sont destinés à réguler l’humeur, à empêcher l’irritabilité et la dépression. Or la colère et la fatigue sont des phénomènes liés à la condition humaine, qui ne nécessitent de traitement qu’aux yeux de personnes extrêmement normatives comme les parents ou les psychiatres. Il n’y a aucune raison que le sujet ne gère pas sa colère comme tout un chacun, l’utilise pour passer à l’action ou même, c’est son droit, se mettre à crier à tort et à travers contre des gens eh bien qui lui diront adieu, il l’aura cherché. C’est la vie. Et ça me paraît plus sain que la modification biologique et artificielle du cerveau pour obtenir le comportement adéquat.
Déjà je suis très content de moi : je m’ouvre à la culture gay, je n’ai pas commencé à prendre l’incroyable Lamotrigine/Lamictal, médicament à la folle dangerosité, je ne prends plus de somnifère, je pense à mieux manger, à faire du sport, j’ai arrêté des activités que je n’aimais pas, je suis à l’écoute de mes désirs… Demain ça fera une semaine que je me transforme et ç’aura été la meilleure semaine de toute ma vie d’adulte.
Me croyez-vous si je vous dis que je vois ma ville autrement ? Ces immeubles, ces lumières que je suis censés connaître par cœur, en sortant, en rentrant chez moi, je les ai sentis.