Il y a une instrumentalisation de la douleur de la perte, c'est certain, et notre président n'en est pas exempt, avec sa tentative d'"union nationale" actuellement.
Les dates et les cérémonies officielles peuvent apparaître très forcées, cependant c'est une manière d'inscrire dans un espace civique commun, et dans une mémoire commune, des faits que nous n'interprétons pas tous de la même manière.
Ensuite, les rapports entre le nécessaire oubli individuel temporaire, pour vivre, et le nécessaire rappel de l'histoire - notamment d'un génocide qui a amputé la société française -, pour ne pas vivre sans la ргоfопԁеur historique fondatrice de notre présent sont bien délicats, et ne supportent pas le commandement, érigé en doctrine, de l'oubli comme effacement, empreint de légèreté et d'indifférence, et je ne crois pas que Superpositoire soit incapable d'empathie, et indifférent, lui qui nous parle de la concurrence des mémoires.
Malheureusement, il y a des passés qui ne passent pas ; le génocide des Juifs européens fait partie de ces passés tellement dramatiques : un fascisme, ennemi du mouvement ouvrier et destiné à écraser ses organisations, pour atomiser et ensuite massifier la société allemande, au bénéfice du capitalisme allemand, avait aussi un trait singulier, l'antisémitisme le plus furieux jamais connu, mettant à mort les Juifs.
Comment cela peut-il s'oublier ? Toute mémoire est à éclipses, ce sont même ces éclipses qui rendent possible la mémoire, pour autant peut-on écrire qu'il faut oublier cela ? Je le répète : c'est indécent. Et la décence n'est pas une valeur idiote ; il n'y a pas de "provocation" intelligente à son endroit ; et, pour tout dire, quand j'entends, à la fin de son spectacle, Dieudonné ironiser sur les ananas déportés, je n'ai pas епvіе de rire.
Je pense que, si Dieudonné ironisait sur le génocide au Rwanda en 1994, il trouverait des Noir(e)s pour lui signifier que ce massacre-là, à coups de machettes, par des voisins, cette traque des victimes pour les tronçonner, ne les fait pas rire du tout.
Alors, oui, il y a de l'intangible : P. Desproges ironise, avec finesse, sur les imbécillités antisémites, après le génocide nazi ; il donne à voir et à entendre la tranquille imbécillité haineuse des antisémites ; il ne fait pas rire à propos du génocide des Juifs.
"Il ne faut pas rire" : Qui es-tu pour décider de ce qu'il faut rire ou pas ? Ça m'énerve les gens qui croient détenir la parole sainte et ultime .. Non, je suis pas d'accord, je rigole de tout, et parfois du pire. Rire n'est pas illégal.
On a juste pas la même sensibilité et le même humour.
Par exemple, j'ai du mal à rire lorsque l'on fait des blagues sur des animaux morts/tortures d'animaux, voilà, mais beaucoup en rient. C'est pas pour ça que je vais hurler "arrêtez de rire de ça, c'est indécent ! "
En revanche rire de génocides, de viols, ou de meurtres, ne me dérange pas, ce n'est pas pour ça que je pense que les génocides/meurtres/viols soient une bonne chose. Ce n'est pas parce que j'en ris, que je vais commettre des viols ou des meurtres plus tard ...
Par exemple, j'adore un sketche de Dieudonné sur les Pygmées, il raconte des choses horribles (une femme allaite un enfant mort, qu'il les brule avec de l'essence ... bref, c'est très gore) dans ce sketche, mais punaise, je trouve que c'est drôle. Et c'est de l'humour, Dieudonné a un humour très grinçant, noir, vulgaire choquants, c'est ce que j'aime chez ce type.
Bref, je ris de ce que je veux, personne n'a de leçon de morale sur ça, car chacun est différent sur la façon de voir les choses. Dieudonné se moque surtout du chantage à l'antisémitisme, et de la culpabilité qui plane autour du génocide de la population Juive. On a plus (la France, et même l’Allemagne), n'ont plus à se sentir coupable de ces actes abjectes ... Alors apprenons de nos erreurs, et vivons avec nos souffrances dans la dignité.