En réponse au message de craig_lyner :
mais tu es bizarre quand mm je trouve !
Pffffff... En quoi me trouves tu bizarre ?
En réponse au message de sim.s-heart :
Pffffff... En quoi me trouves tu bizarre ?
tu es zarbi ! c tout
En réponse au message de sim.s-heart :
J'adorerais y participer, vraiment mais là c'est pas possible. 🙄
Tu n'aimes pas le déroulé de cette histoire ? C'est pour ça que tu ne souhaites pas participer, au final ?
Au début tu disais que tu voulais te joindre à nous.
En réponse au message de craig_lyner :
tu es zarbi ! c tout
OK, si tu l'dis, craig 🙄
En réponse au message de sirceron :
Tu n'aimes pas le déroulé de cette histoire ? C'est pour ça que tu ne souhaites pas participer, au final ?
Au début tu disais que tu voulais te joindre à nous.
Tu n'y es pas du tout, melèch... Et je ne vais pas répéter pourquoi car ça déplairait à on sait qui lol mais j'aurais vraiment aimé y prendre part.
Je remets l'histoire depuis le début. Les petites étoiles c'est pour séparer les participations. Celles et ceux qui désirent se joindre à nous, soyez les bienvenus.
Intro :
Jacques et Simon, assis sur un muret de la ville, observaient les passants à l'heure des embauches en arborant leur air carnassier des mauvais jours. Avec les véhicules qui circulaient, cela faisait beaucoup de monde mais comme d'habitude personne ne remarquait la présence de nos deux malfrats et pour cause, Jacques et Simon ne sont pas visibles des êtres humains. Jadis , ils avaient eux aussi arpenté ce monde en tant que mortels mais cela faisait déjà plusieurs siècles qu'ils avaient cessé de vivre. Ils sont ce que l'on nomme des << entités >> faute d'appellation plus précise. Tous deux obéissaient à une force dont ils ne connaissaient ni l'origine ni l'étendue de l'autorité. Tout en cherchant leur prise, ou plus exactement ce qu'ils appelaient un vaisseau, le graal de leur prochain grand coup, ils commentaient les tronches fatiguées des salariés qui commençaient leur journée de labeur. Personne ne correspondait aux instructions qu'ils avait reçues. Personne pour revêtir le masque mortuaire de l'Ancien. Personne d'assez pure pour accueillir sa majesté d'outre monde.
<< J'en peux plus d'attendre ! J'ai faim ! Faut que j'en consume un pour me calmer !
— Patience Jacques ! Moi aussi je suis las des ordres de Robert mais ni toi ni moi ne pouvons nous extraire de ses liens.
— On pourrait au moins se faire рlаіsіг un peu en attendant le bon ! Autant bouffer quand on le peut puisqu'on est là ! >>
Et en un clin d'œil, Simon disparut de la vue de Jacques. Puis une scène de chaos se produisit : des survivants évoquèrent, non sans honte, l'image angoissante et vaporeuse d'un visage grimaçant se dessinant sur les rétroviseurs et les parebrises des véhicules. Un accident en chaîne s'ensuivit, provoquant un gigantesque incendie. De nombreuses vies furent perdues ce jour-là. Les cris et les visions d'horreur poussèrent la plupart des survivants à l'asile. Parmi les témoignages les plus saisissants, la description de l'ombre d'une salamandre s'échappant des flammes fut évoquée à de nombreuses reprises. Plus discrètement, une jeune fille, éjectée de son véhicule, évoqua la présence nébuleuse d'un être reptilien et diffus qui s'infiltrait dans les corps brûlants. Elle finit par succomber dans un service d'urgences, étouffée par sa propre salive.
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Cela faisait longtemps qu’elle était allongée sur ce lit entre ces murs blancs et toutes ces machines. Elle distinguait à peine ce qui se passait autour d’elle : voir était devenu exténuant. De drôles de formes apparaissaient au loin sans qu’elle puisse déterminer ce qu’elles étaient ; sans contour défini, son environnement était embué, telle une vitre. Et la vitre c’était elle : froide, inerte, fragile. Elle remuait de temps à autre quelques ԁоіgts pendant ces périodes de léthargie laiteuse sans comprendre qu’ils lui appartenaient. Heureusement, bientôt elle retournerait chez sa sœur jumelle, Séréna, son père et sa mère s’y trouvent déjà et elle avait grande hâte d’explorer le jardin de leur nouvelle maison. Parfois des échos caverneux la ramenaient à d’étranges secousses dont elle ignorait l’origine ou la signification. Prunille revint un grand nombre de fois dans cette pièce pour ne faire qu’attendre, pendant que Séréna continuait à s’amuser dans l’immense jardin.
Maman lui avait dit qu’il y avait une princesse qui vivait non loin de là dans une belle maison, voisine de la sienne, et que Séréna allait bientôt faire sa connaissance. Prunille voulait s’y rendre aussi mais sa mère ne la laissait pas franchir la limite du domaine pour aller faire connaissance avec les aristocrates d’à côté. À la différence de Séréna qui avait carte blanche pour parcourir la vallée à sa guise. Un jour, alors que Séréna revenait de l’une de ses aventures, elle lui annonça que la princesse Eluan viendrait les voir le lendemain. Prunille remarquait qu’à chaque fois qu’elle revenait d’une escapade, sa sœur avait toujours l’air un peu changée : ses cheveux d’habitude bruns se paraient de reflets roux qui exprimaient tous leur feu sous la lueur blafarde de la lune.
Le jour promis, Eluan se présenta à la famille, assise au pied de l’aulne centenaire de la vallée avec son luth en chantant les merveilles de son royaume : son chant rappelait ces histoires oubliées de jadis où des chevaliers errants terrassaient d’immondes bêtes pour conquérir le cœur de princesses endormies, il rendait hommage aux temps anciens où le peuple caché arpentait la surface de la terre en compagnie des humains et de ce qu’elle nommait à plusieurs reprises l’antique alliance.
Fascinée, Prunille s’avança en dehors du domaine. Pour la première fois, sa mère la laissa faire. Séréna lui donna la main et elles allèrent trouver la princesse au pied de l’arbre vénérable. L’aulne était tout sauf ordinaire, ses feuilles étaient parées d’or et d’argent, celles-ci scintillaient à mesure que les enfants s’en approchaient.
Eluan accueillit avec un sourire bienveillant cette arrivée et s’adressa directement à Prunille :
« Ma chère enfant, nous nous rencontrons enfin, Séréna m’a appris tellement de choses sur toi. J’espère que tu te plais ici, à Longue-Feuille. Nous avons tellement de choses à nous dire. Tu vois cet arbre derrière moi ? C’est notre sanctuaire, l’entrée dans le royaume de Tara. Je vais te donner la marque qui te permettra de venir nous voir à tout moment, pourvu que tu te rappelles de notre rencontre. Tends-moi ta main. »
Prunille lâcha la main de Séréna et sur sa paume diaphane un petit tourbillon, comme une cicatrice discrète à peine visible, se dessina. Puis la vision de sa mère et de son père souriants saisit son cœur d’enfant.
« Nous t’aimerons toujours, petite fée. » furent leurs dernières paroles.
L’enfant rouvrit les yeux et pour la première fois, il y avait un humain devant elle, habillé d’une blouse blanche.
Elle était sur un lit et une personne pleurait en la regardant émerger. Clara, sa tante, était là.
« Tout va bien se passer. Le docteur Aunel s’est bien occupé de toi. Tu vas venir vivre avec moi maintenant, ma chérie.
— Papa ? Et maman ? »
À chaque question, Clara faisait non de la tête. Toutes deux pleurèrent à сhаuԁеs larmes en se prenant dans les bras.
Le docteur entra à ce moment-là.
« Je vois que tu es réveillée, Prunille. Tu nous as fait une belle frayeur la nuit dernière. On a vraiment pensé, mes collègues et moi, que tu ne parviendrais pas à t’en sortir. Et aujourd’hui, ton état est à peine croyable.
— Elle est stabilisée désormais ? C’est ce que l’infirmière m’a raconté tout à l’heure.
— Oui. Nous allons quand même devoir passer par quelques mois de rééducation. Trois mois dans le coma à un âge si jeune, ça laisse forcément des séquelles. Vous êtes la première patiente de 10 ans que je vois dans un tel état, jeune fille, dit-il en s’adressant à sa patiente. Et pourtant, vous avez réagi admirablement au traitement qui vous a été administré.
— Quand est-ce que je vais pouvoir sortir d’ici ?
— Dès que vous aurez terminé votre programme de rééducation.
— Et il commencera quand ? intervint Clara.
— Dans quelques jours en fonction de l’évolution de la situation. Des contrôles réguliers devront être effectués, y compris une fois de retour au domicile. À ce propos, il y a des formalités administratives qu’il conviendrait d’effectuer afin de faciliter son transfert chez vous. Je vais vous demander de me suivre, mademoiselle. Nous allons laisser Prunille se reposer. »
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Clara entendait le vent souffler à travers les vitres du vieil hôpital poussiéreux. Elle était ailleurs, sous le choc. Depuis cet appel matinal qui lui annonçait l'accident, elle savait que rien ne serait plus comme avant. Pourtant, Clara avait un espoir, elle sentait grandir une force en elle, une énergie insoupçonnée qui lui permettrait des années durant de s'occuper de la petite orpheline. Prunille s'enferma quelques temps dans le silence. Clara attendit que le temps fasse son œuvre. Elle régla les problèmes administratifs puis la suсеssion. La maison d'enfance fut vепԁuе, Prunille déchirée, encore. Dans le modeste appartement où elles continueraient leur chemin, une seule trace de ce passé demeura: une boîte en carton contenant quelques photographies heureuses. Témoignant d'un passé maintenant révolu, ces souvenirs devinrent refuge. Entre les mains de l'orpheline, ces vestiges grandissaient, prenaient vie et la submergeaient.
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Prunille se réveilla. Elle n’ouvrit pas tout de suite les yeux mais elle sentit que sa tante n’était plus là à lui tenir la main comme elle n’avait cessé de le faire depuis sa sortie de l'hôpital. Elle sentit autre chose : sa couverture ne la recouvrait plus. Pourtant Prunille se sentait bien, il faisait bon et quelque chose lui caressait les chevilles. Mais cela n’avait pas la consistance d’un matelas. C’était à la fois tendre et dur… La lumière du jour lui fit battre des paupières et Prunille se força enfin à ouvrir les yeux. Ce qu’elle vit la stupéfia.
Elle n’était ni dans un lit ni chez sa tante mais dehors, allongée dans l’herbe. La petite fille se redressa. Tout autour d’elle, une prairie fleurie s’étalait à perte de vue. Le seul arbre aux alentours était celui sous lequel elle se trouvait, un immense aulne aux branches tordues. Elle ne se demanda même pas par quel miracle elle avait atterri dans cet endroit.
- Eh bien! Ce n’est pas trop tôt!
Prunille sursauta. Elle eut beau regarder dans tous les sens, elle n’aperçut pas âme qui vive. Mais alors, qui avait prononcé ces mots ?
- Ici!
Prunille baissa la tête et pour la seconde fois, ce qu’elle vit la stupéfia. La fillette se mit à genoux afin de se retrouver à la hauteur de celui qui venait de parler. Là, sur l’une des racines de l’aulne se tenait... un lièvre. Et sur le dos de ce lièvre, il y avait un être encore plus petit qu’un nain. Vraiment vraiment plus petit. Il arborait un chapeau haut-de-forme démesuré et une élégante redingote par-dessus un gilet d’où dépassait la chaîne d’une montre à gousset. Il fumait la ріре tout en tenant fermement les rênes du lièvre comme un cavalier tiendrait celles d’un cheval.
- Cela fait des heures que j’attends ton réveil.
- Je suis désolée, répondit Prunille. Qui êtes-vous? Où suis-je? Qu’est-ce que je fais là?
- Oulà tout doux! Toutes ces questions, c’est trop pour un seul goblin! Eluan saura mieux que moi te répondre. Suis-moi!
Ce disant, il avait tiré sur les rênes et le lièvre avait bondi. En un clignement d’œil, ils disparurent.
Au cours de leur longue marche, Prunille avait posé mille et unes questions à l’étrange cavalier qu’elle suivait. Mais en guise de réponses, le gobelin s’était borné à des grognements ou à des «tais-toi et avance» assenés d’un ton sec. Sur quoi Prunille n’avait pu que tenter de deviner où elle était et comment elle était arrivée là. Elle avait fini pas conclure qu’il s’agissait d’un simple rêve mais cette réponse ne l’avait pas entièrement convaincue…
Elle en était là de ses réflexions quand elle se cogna contre un tronc. Celui-ci tangua violemment et Prunille tomba sur les fеssеs. En relevant la tête, elle réalisa sa méprise. Il ne s’agissait pas d’un tronc, mais de la tige d’une marguerite d’une taille monumentale. À moins que… La petite fille se remit sur pieds en s’appuyant à un rocher. Un rocher plus petit que la marguerite. Décidément, quelque chose n’allait pas…
- Tu ne peux pas regarder où tu vas petite cruche? Tu as probablement réveillé la fée qui vit dedans!
Le gobelin, descendu du lièvre qu’il chevauchait, regardait Prunille sans amorcer le moindre geste pour l’aider.
- Je ne l’ai pas fait exprès, pesta-t-elle en jetant un regard agacé à ce compagnon mal-aimable.
En réponse, il la toisa de haut d’un air narquois. De haut. Prunille aurait juré que lors de leur premier échange elle avait dû se mettre à genoux pour pouvoir le regarder en face. À présent, il mesurait une tête de plus qu’elle.
- Mais… mais… je suis une naine! S’écria-t-elle soudain affolée!
- Certainement pas. Les nains que je connais portent une pioche et sont bien plus robustes que toi! Tu as simplement rapetissé.
- Rapetissé? Mais c’est impossible!
- Bien sûr que si, puisque ça vient de t’arriver! Ah lala… grommela-t-il en faisant volte-face, bavarde, maladroite et bête avec ça…
Il continua de ronchonner dans sa ріре mais Prunille ne l’écoutait plus. Un spectacle saisissant s’offrait à elle.
Ils venaient d’entrer dans un endroit semblable à une forêt. Partout où elle posait les yeux, Prunille apercevait des légumes aux dimensions impressionnantes. Elle compris qu’ils devaient se trouver dans un potager géant… géant de son point de vue…
De nombreuses créatures s’affairaient. Là, un gobelin faisait claquer un fouet en direction d’un énorme campagnol qui tirait une corde dont l’extrémité était attachée à une touffe verte. Un instant plus tard, au pris de nombreux effort, l’animal fit sortir de terre une carotte plus grande que la fillette.
Plus loin, quatre gobelins maniaient tant bien que mal une énorme paire de ciseaux afin de sectionner un plant de tomates. Sa chute remua beaucoup de poussière et une fois celle-ci dissipée, Prunille constata que les gobelins avaient détaché toutes les tomates et les chargeaient dans une charrette tirée par deux hérissons. Pendant ce temps, un jeune gobelin intrépide étaient monté sur une tomate et faisait des cabrioles. Mais il perdit l’équilibre et la tomate roula, prit de la vitesse, roula encore puis s’écrasa contre un arrosoir. Prunille n’entendit pas le gobelin se faire vertement sermonné par un aîné car son attention s’était déjà portée sur une autre scène. Elle vit plusieurs créatures harnachées comme des cascadeurs scier des haricots que leurs camarades, en bas, hissaient sur leurs épaules et emportaient au loin.
- Attention à toi! Lui cria quelqu’un.
Prunille se retourna juste à temps pour éviter un drôle de convoi. Toute une rangée de canards passa d’un pas militaire sans même la voir. La fillette remarqua le képi sur le premier d’entre eux et eut le temps de lire «B.A.L.» sur le badge accroché autour du cou de chaque palmipède. Soudain, un grondement puissant retentit. Le sol se mit à trembler.
- Ils reviennent… Fuyons!
Ce fut le Ьгапlе-bas de combat. Canards, hérissons, campagnol et petits êtres prirent la fuite en emportant autant de légumes que possible.
Prunille fut plus longue à réagir. Mais quand elle aperçut par-dessus les plantes du potager ce qui avait fait fuir ses compagnons, elle décampa aussi vite qu’elle pût. Tout en essayant de les rattraper, elle tourna la tête et constata avec horreur que le monstre était presque sur elle, prêt à l’écraser. Ni une ni deux, elle se cacha derrière l’arrosoir. Le monstre passa dans un vacarme assourdissant. C’était une sorte de lézard géant, noir et jaune, sur le dos duquel se tenaient deux enfants gigantesques.
Tandis que l’animal s’éloignait et que le bruit de ses pas se dissipait, Prunille reprenait ses esprits. C’est alors que revint son guide.
- Tu aurais pu nous faire repérer, petite idiote! Lança-t-il, fulminant de colère.
Encore chamboulée, Prunille n’eut même pas la force de répondre. Elle suivit le gobelin, lequel rejoignait déjà les autres créatures. Tous se mirent en route, Prunille sur leurs talons. Voulant tout à la fois rompre le silence et faire connaissance, elle dit:
- Vous avez vu la taille de ce lézard!
- C’était pas un lézard, répondit le jeune gobelin qui avait joué à l’acrobate, un roux avec des taches de rousseur. C’était un triton. Tu ne sais pas faire la différence? Pourtant tu devrais.
- Pourquoi je devrais savoir ça?
- Parce que les tritons emmènent les humains comme toi à l’école.
- Je ne suis jamais allée à l’école à dos de triton! J’y vais en bus.
- C’est quoi ça?
- C’est comme une énorme charrette avec un moteur.
- Ah oui, comme celle qui a écrasé oncle Billy.
- Pourquoi avez-vous peur des humains? Demanda Prunille en voulant changer de sujet.
- Nous? On n’a pas peur d’eux! On tient juste à ne pas se faire repérer.
- Pourquoi?
- Pourquoi?! Parce qu’on chipe dans leurs potagers pardi!
Sur ce, il accéléra le pas. Prunille suivit le cortège du peuple de chapardeurs, la tête encore pleine de questions.
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Après une heure supplémentaire de marche exténuante, après plusieurs chapelets de remarques désobligeantes et de conseils condescendants, le compagnon mal aimable daigna enfin s'arrêter. Les autres chapardeurs qui l’avaient accompagné pendant quelque temps avaient suivi leur propre route depuis un bon quart d’heure à la recherche d’un haricot volant très craintif, qui prenait la fuite dès qu’il apercevait la silhouette d’un mammifère gobelin. Prunille se retrouvait donc seule avec ce guide directif et désagréable, elle était essoufflée et d’humeur maussade.
« Bien, on y est. Je crois qu’Eluan ne devrait plus tarder à arriver.
– Vous allez enfin me dire ce que l’on fait là ? Et d’abord pourquoi Eluan souhaite me voir ?
– Tais-toi un peu et regarde par toi-même ! Tu me donnes mal au crâne... »
Le gobelin, la mine sévère, pointa de son pouce difforme l’horizon brumeux derrière lui. Peu à peu, d’étranges rayons lumineux vinrent déchirer le voile nébuleux et la vision irréelle d’un arbre gigantesque élancé jusqu’aux nuées parut dans le lointain. Des éclats singuliers scintillaient de ses branches à chaque nœud comme de minusсules petites étoiles : depuis la base du tronc et tout le long de sa ramure, pour en faire circuler la sève dorée ; des ргоfопԁеurs abyssales racinaires jusqu’aux cimes insondables d’un monde cosmique, l’arbre monde illuminait d’une lueur caressante la terre féerique. À l’opposé, la voûte céleste affichait le halo diaphane d’un énorme disque lunaire qui marquait les journées comme le fait l’astre diurne sur la terre des hommes.
Le tableau qui se présentait sous les yeux de Prunille était saisissant de beauté et de grâce mais quelque chose d’inquiétant gâchait ce spectacle incroyable : une plaie, sombre et monstrueuse. Sur une des plus hautes branches du pilier qui reliait la terre aux étoiles, une cavité putréfiée d’où s’échappait un liquide violacé aux émanations toxiques semblait dissiper la lumière. Prunille fixa cette béance qui avait un je-ne-sais-quoi d’hypnotique au point d’en perdre l’équilibre. Désarçonnée, elle crut entendre des cris et des pleurs en sortir.
« Croquelard ! Pourquoi mon invitée se trouve affublée d’une taille aussi minusсule ? » Eluan apparut entourée d’éclairs. Son regard était devenu dur et effrayant.
« Elle s’est juste un peu perdue en chemin, majesté !
– Tu l’as faite passer par la vallée des amanites ? C’est la saison des spores ! Et toi mieux que quiconque, tu le savais ! Rends-lui sa taille normale immédiatement ! » Elle s’arrêta un instant pour reprendre son souffle pour finalement asséner sèchement un : « Et cesse de jouer au petit chef ! »
Vaincu et honteux, le gobelin, confondu par la fée, décrocha de son ceinturon en cuir de salamandre teinté, une bourse de lin blanc. Il en sortit une minusсule boule de feuilles bouillies qu’il malaxa de ses ԁоіgts gourds. Quand il eut terminé, il souffla dessus en direction de Prunille. Un jet nébuleux de poussières vertes enveloppa la petite fille et elle reprit sa taille initiale.
« Je suis navrée Prunille, » dit la princesse féerique en prenant la main de son amie humaine. « Croquelard est un peu rustre mais il possède le lièvre le plus rapide de tous les royaumes féeriques, une vraie merveille. Tu comprends, il me fallait agir rapidement de peur que tu ne te réveilles pas. Tu vas pouvoir rester un peu ici pendant que vos guérisseurs s’occupent de toi. Nous avons tout ce qu’il faut pour les gens comme toi : des salles de spectacles, des écoles, je crois d’ailleurs que tu as croisé certains élèves en arrivant. On a même des fontaines enchantées où l’on peut nager et s’envoler en chevauchant les eaux célestes. Tu devrais essayer, c’est incroyablement palpitant. Je crois même que tu...
– Comment suis-je arrivée ici !? » coupa Prunille excédée, en insistant sur chacune des syllabes de chacun des mots qu’elle laissa s’échapper de ses lèvres.
–Encore une fois, je suis vraiment désolée. Je dois te montrer quelque chose pour que tu comprennes. »
Eluan fit apparaître de l’éther un magnifique miroir à main ciselé dans de l’or et orné de pierres précieuses toutes plus fabuleuses les unes que les autres. En contemplant sa surface argentée, Prunille voyait depuis son havre onirique sa réalité dans le monde physique: apparaissant de nouveau allongée dans un lit d’hôpital, quelque peu différent du précédent, elle semblait inerte et anesthésiée. Clara et le Dr Aunel étaient là, ce dernier prenait sa tension en s’entretenant avec sa tante.
« – Comment est-ce arrivé ? demanda le médecin.
– Son institutrice m’a téléphoné. Comme vous le savez Prunille a régulièrement des absences. Ça ne dure jamais que quelques secondes d’habitude. Mais cette fois, sa mаîtгеssе était affolée : apparemment Prunille s’est mise à trembler soudainement avant de s’évanouir. Je ne sais pas ce qu’il se passe docteur. Dernièrement elle dessine énormément. Des gribouillis étranges : des horizons rouges et jaunes. De violents zigzags bruns et des Ьоuсhеs carnassières aux canines acérées. Ils me font peur.
– C’est sa façon à elle de digérer l’accident. On va lui faire les examens nécessaires. Je ferai tout ce qu’il faut pour qu’elle s’en sorte croyez-moi. »
Eluan contemplait la scène également, elle s’adressa à l’enfant en ces termes:
« Bon ils sont tous inquiets. Prunille si tu touches le reflet en fermant les yeux, tu pourras leur parler depuis ce monde. »
L’enfant s’exécuta, elle se concentra et dit simplement :
« Je suis très fatiguée. Je suis désolée de t’avoir fait peur tata.
– On est là ma puce. Le Dr Aunel va bien s’occuper de toi.
– Vous êtes très anémiée mademoiselle. Vous vous nourrissez bien au moins ?
– Sauf quand on sert des épinards à la cantine.
– Vous êtes encore très fragile. Vous devez vous nourrir davantage. Et votre sommeil ?
– Je fais beaucoup de cauchemars. Il fait tout noir et j’entends quelqu’un de méchant qui rigole. J’aime pas son rire. On dirait quelqu’un de fou.
– Et ça vous arrive souvent ?
– Seulement quand il pleut beaucoup.
– Il ne pleut pas aujourd’hui, alors vous allez bien vous reposer. Je vais vous faire passer un scanner pour vérifier que tout se passe bien dans votre corps.
– Là il faut que je dorme, j’ai plus de forces. »
Clara donna un Ьаіsег sur le front de l’enfant qui se rendormit instantanément et retourna dans le royaume enchanté.
La fée reprit la conversation un peu inquiète :
« Tu fais donc des cauchemars ? Tu ne nous as pas rendu visite dernièrement ?
– Non et puis je n’ai passé que de bons séjours parmi vous. D’ailleurs où sont mes parents et ma sœur ? On est loin de Longue-Feuille ?
– C’est compliqué à dire : on est à la fois tout près et pourtant très loin. Longue-Feuille c’est votre terre à vous les esprits humains.
– Mais les élèves que j’ai croisés, c’étaient des humains aussi ?
– Tout à fait, ils ont aussi leurs contrées. Nous autres fées connaissons les passages secrets entre les royaumes cachés. Nous pouvons même nous rendre sur Terre, mais pas sous cette apparence.
– J’aimerais bien revoir ma famille.
– Je t’y conduirai quand tu auras récupéré des forces. Je te propose de venir te reposer dans mon palais avant. Tu as vraiment une mine épouvantable. Si tes parents te voient comme ça, ils vont s’inquiéter. Te faire passer par le sentier des amanites...vraiment ce gobelin n’en fait qu’à sa vilaine tête ! Je devrais demander à Père de le châtier mais les relations entre les fées et les gobelins risqueraient d’en pâtir. Mais quand même, je suis furieuse !
– Bon allez c’est pas grave. Après tout, je suis mieux ici que sur Terre en train de végéter sur un lit. Au fait je me demande, c’est quoi ce tгоu là-bas sur l’arbre géant ?
– Ça ? C’est une maladie inconnue pour nous ! Cela s’est déjà produit il y a des milliers d’années. On a dû couper la branche de l’arbre pour ne pas qu’il pourrisse.
– Et qu’est-ce qu’il se passe quand vous coupez une branche ?
– Une partie du monde cesse d’exister. Voilà ce qu’il se passe. »
OMG... Vraiment trop long à lire. 🙄😌
Merci plus c long plus c bon
En réponse au message de sim.s-heart :
OMG... Vraiment trop long à lire. 🙄😌
Au bout d'un moment, faudra bien faire des rappels pour garder le fil logique.
En revanche, j'ignore pourquoi il y a toujours ces espaces blancs énormes à la fin !
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