Pour moi, le fапtаsmе n’est pas matérialisé par ce que je vois mais par ce que je reçois du regard de l’autre ; comment cette femme qui va m’émouvoir occupe l’espace et ce qu’elle dégage.
Cela, indépendamment de ses avantages physiques qui rentrent quelque part aussi en ligne de compte pour capter mon attention mais sont très insuffisant pour la retenir.
Un récit qui pourrait rendre compte de mon point de vue pourrait être celui-ci que je viens d’imaginer :
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Elle avait été belle, c’est une certitude.
De rousse feu, elle s’était un peu décolorée et sa peau de lait n’était plus aussi fraîche.
Pourtant, son port de tête était magnifique, son regard légèrement ridé aussi сhаuԁ que le bleu acier de ses iris était froid dans une association qui augurait une humanité bienveillante bien cernée par les réalités de la vie.
Mon regard posé dans le sien, je sentis instantanément une absence de distance, comme si nous étions sœurs, dans cette communion de vie que donne l’amour des mêmes parents.
Aucun mot prononcé et j’étais déjà sous l’emprise de cette femme.
Pas le moindre geste esquissé et quelque chose en moi s’effondrait, me laissant sans défense face à cette personne qui n’était personne pour moi il y a une poignée de secondes, avant que nos regards se croisent.
Trouble immense, perte de contenance, désorientation dans le temps et dans l’espace ; je ne savais plus où j’étais ni ce que j’étais venu faire.
Elle était là, face à moi et aucun mot ne parvenait à ma Ьоuсhе.
Mon cœur battant, mes jambes en coton me laissaient à mon désarroi.
Je ne sais si ma Ьоuсhе formait un rictus misérable ou si on pouvait y reconnaître un sourire désemparé.
Elle s’était approchée silencieusement, souriante.
« Moi, ça roule, et vous, bon pied, bon œil ? »
Je me ressaisit et, comprenant sa manœuvre pour briser la glace et lui répond :
« Ce n’est pas ce qui me gène, c’est autre chose ».
« Et bien, discutons-en puisque que nous sommes toutes les deux les gardiennes de cette salle d’attente ; autant conjurer la peur de la fraise en papotant. »
Je me demandais alors ce qu’elle faisait chez le dentiste avec son très beau sourire qui aurait pu se trouver dans la Ьоuсhе d’une trentenaire.
Je quittais mon siège et pris place sur celui qui lui permettait de se placer proche de moi, n’étant pas gênée par la table basse et ses piles de revues périmées.
Je la dévisageais.
Elle était joliment maquillée, toute en élégance et discrétion.
Ses cheveux mi-longs cernaient son visage fin et reposaient sur des épaules moins délicates et plus sportives.
Elle portait un cardigan tout simple sous un blouson en cuir d’agneau ouvert.
Une poitrine bien posée que l’on aurait pu qualifier d’ordinaire sur une femme plus jeune mais qui ressemblait à une victoire sur le temps qui passe sans s’arrêter sur cette quinquagénaire d’allure tonique.
« C’est que c’est très personnel et que j’hésite à raconter ma vie à quelqu’un dont je ne connais même pas le nom ».
J’entendais ces paroles comme si ce n’étais pas moi qui les avait prononcé.
« Alice ; bienvenue au pays des merveilles » me répondit-elle.
« Dominique » rétorquais-je dans un élan ou j’ai eu peur d’entendre « піԛuе-піԛuе » dans un écho cruel.
Un long silence s’en suit ; elle avance une main vers la mienne, la pose dessus, сhаuԁе et légère.
« Je suis contente de trouver une fille qu’un fauteuil n’arrête pas sur le chemin des sentiments » me glisse-elle comme si elle avait déjà tout compris.
J’en étais sûre, je venais d’avoir le coup de foudre pour cette femme handicapé en fauteuil roulant et son regard perçant et sa main qui gardait la mienne me disaient que quelque choses de fusionnel venait de passer entre nous…
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Voilà mon fапtаsmе.
Pas tant la rencontre d’une femme handicapée qui n’est qu’un prétexte pour placer la relation entre lesbiennes dans des sphères que j’imagine bien plus cérébrales que ce que vous recherchez entre mecs.
Je ne veux pas dire qu’on est pures et innocentes quand vous, vous dégoulinez de fluide sémіпаl.
On peut aussi tout à fait faire preuve de регvегsіté et se vautrer dans la luxure.
Mais, à mon sens, faut d’abord que quelque chose d’essentiel se passe dans deux esprits qui se mettent à vibrer ensemble à la même fréquence.
Ensuite, belle ou moche, valide ou handicapée, simple ou cultivée, modeste ou friquée, cela n’a pas plus d’importance que la couleur d’une bagnole quand elle te transporte dans le pays de tes rêves.
Merci pour l’idée du thème qui m’a donné епvіе d’écrire ce texte sans prétention.