- 14 septembre 2014 à 22:00
Dernier paragraphe et les "je t'aime" :
"A propos. Dans La Gazette d'Augsburg, qui fait directement suite à nos circulaires qui figuraient dans Le Procès des communistes de Cologne, je vois qu'une circulaire nouvelle a été "prétendument" diffusée par la même source londonienne. C'est un faux, une misérable compilation de nos affaires, rédigée par Monsieur Stieber, qui, ces derniers temps, pas apprécié en Prusse à sa convenance, pose au grand homme à Hanovre. Engels et moi diffuserons une contre-déclaration dans la Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Adieu mon doux coeur. Je t'embrasse des milliers et des milliers de fois, ainsi que les enfants.
Ton
Karl"
Cette lettre est datée du 21 Juin 1856, du 3, Butler Street, Greenheys, Manchester.
Elle a été rédigée par KARL MARX, après avoir été expulsé des États allemands, puis de Belgique, puis de France, pour venir échouer en Grande-Bretagne, où en liaison avec le mouvement chartiste, il plongeait dans son grand œuvre, "Le Capital", et avait aussi le souci de nourrir sa famille - la famille Marx a souvent été sоumіsе à une grande pauvreté, voire à la disette -, malgré l'aide matérielle, constante, de Friedrich Engels, fils de grands manufacturiers germaпіԛuеs.
Jenny von Westphalen, épouse Marx, était au chevet de sa mère, malade (et qui mourut), à Trier.
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Le témoignage de la fille cadette de Jenny et Karl, Eleanor, sur l'amour que se portaient ses parents, alors que sa mère est dans le plus grand déclin et proche de mourir :
"Mohr [surnom affectueux de Karl Marx] surmonta une fois de plus sa maladie. Je n'oublierai jamais le matin où il se sentit assez fort pour se rendre dans la chambre de petite mère. Ils étaient ensemble à nouveau jeunes - elle une jeune fille aimante et lui un jeune homme aimant, qui entrent ensemble dans la vie - et non un vieil homme ravagé par la maladie et une vieille femme mourante qui se disaient adieu pour toute la vie."
La traduction est de Fernand Cambon, elle est extraite du numéro de la revue littéraire "Europe", d'Août-Septembre 2011, n°988-989, dont la dossier principal, copieux (193 pages) et passionnant, s'intitule : "Marx et la culture", la deuxième partie de ce numéro étant consacré à André Benedetto.