Voilà deux fois que je commente les "poèmes" d'un autre, alors qu'ils rasent les pâquerettes (ce qui est cruel pour les pâquerettes). Une volonté de justice me pousse à faire un détour du côté de chez Climax, dont les vers sont de meilleure facture, et les thèmes moins "faciles".
Je trouve justement que ton poème n'est pas beau, et qu'il n'a pas lieu de l'être. Le ton et les vers n'en sont que plus justes. C'est tant mieux. Je n'ai jamais apprécié cette tendance à ргоstіtuег ses sentiments sur l'autel de la beauté. On n'éprouve jamais le beau lorsqu'on tient la main morte d'une personne qu'on a aimé. Le poème serait devenu artificiel.
Un vers m'a beaucoup touché, parce que j'ai le sentiment de l'avoir déjà pensé face à la dépouille d'un proche :
Et tu restes muet, et tu n'as plus de lieux
En effet, il est ici et nulle part et partout, à la fois. C'est une sensation étrange que tu as retranscrite parfaitement et simplement. En l’occurrence, c'était difficile de faire simple, mais tu y es parvenu.
J'ai apprécié le soucis de la versification : de belles césures à l'hémistiche, à l'exception du septième vers, qui est un alexandrin trimètre. Je l'aurais plutôt gardé pour les tercets, afin d'introduire, dans le rythme du vers, la rupture rythmique des strophes.
Mon objectif n'est pas de chanter tes louanges, même si je te suis reconnaissant de partager tes poèmes. Aussi hasarderai-je quelques critiques.
- j'ai vraiment achoppé sur certains "e" non muets, que je ne trouve pas du meilleur effet :
De ton corps immobile, cetteuh plaineuh déserte
Sans dire un mot, tu es parti ; la terreuh verte
- le sonnet, c'est aussi l'art de la chute ; le problème est que la chute ne m'a pas fait tomber. Elle a fait tomber le sonnet, sans renverser son lecteur...