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J'ai palpé les mirages obscurcis dans ces yeux (page 2) - Littérature & poésie

Sujet de discussion : J'ai palpé les mirages obscurcis dans ces yeux
  • yoomy Membre suprême
    yoomy
    • 7 avril 2014 à 21:59
    Yoomy, pour une fois, nous avons une critique digne de ce nom, pas de quoi s'évanouir, les remarques d'Yggdrasil sont aidantes et amicales.

    c'est bien pour ça que je m'évanouis, je suis en extase Drama_zps832202a3.gif !
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 7 avril 2014 à 22:36
    J'ai palpé les mirages obscurcis dans ces yeux
    Quand j'essayais de clore la paupière entrouverte
    De ce corps arrêté qui n'a plus lieu d'être ;
    Je reste à balbutier les impossibles adieux,

    Et tu restes muet, et tu n'as plus de lieux ;
    Le dimanche un matin, ô ma plaie découverte,
    Tu es parti flottant comme la plaine ouverte
    Qui te mange en Algarve, et tu n'as plus de feux.

    Je remue des images et je remue la terre,
    Ton absence me creuse, et m'occupe l'instant
    De la déchirure indéfinie qui m'atterre.

    Je retourne au début de notre amour instant,
    Et je suis emporté vers une absence entière
    Qui me possède avec une étreinte en pierre.


    Climax69007, le Lundi 7 Avril 2014.

    - Je pratique ce qui est interdit : faire rimer un verbe avec un des ses dérivés, "ouverte" et "entrouverte". C'est le moindre de mes péchés.

    - Cependant j'ai tenu compte des remarques, convaincantes, d'Yggdrasil : j'ai éliminé les "euh" des "e" dits muets ; j'ai aussi pris garde à certaines dentales, "t", "d", qui revenaient trop fréquemment, et qui donnaient un rythme heurté inélégant ; j'ai essayé de ressentir ce qui m'habite, et je trouve "Et je suis emporté vers cette absence entière / Qui me possède avec une étreinte en pierre." L'image peut sembler convenue, ou grandiloquente, mais je le ressens.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 7 avril 2014 à 22:49
    Yoomy, pour une fois, nous avons une critique digne de ce nom, pas de quoi s'évanouir, les remarques d'Yggdrasil sont aidantes et amicales.

    c'est bien pour ça que je m'évanouis, je suis en extase Drama_zps832202a3.gif !

    Très important, Yggdrasil marque que, pour ce genre de textes, la "beauté", avec débauche de rhétorique, est obscène, inadaptée : j'en suis bien d'accord.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 7 avril 2014 à 23:16
    Une critique attentive, minutieuse, pondérée demande du temps : Yggdrasil a pris de son temps pour ressentir le texte.

    Et cela exige d'avoir exercé et affiné un sensibilité, attentive à la manière dont elle est sollicitée.

    Elle demande, aussi, de l'humilité, si bien que ce n'est pas un savoir-faire supérieur qui conseille, au risque de susciter chez l'autre (moi en l'occurrence) une réaction - malvenue - d'amour-propre blessé.

    Enfin, elle doit considérer un texte comme un ouvrage pas assez mûri à améliorer.
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 8 avril 2014 à 06:53
    Cette version me plait beaucoup plus que la précédente. Les vers sont mieux ciselés, plus fluides, avec des sonorités plus harmonieuses. Cela dit, j'ai encore achoppé sur un détail. Il est, cette fois, d'ordre grammatical. J'ai souvent eu du mal avec les subordonnées relatives dans la narration. A fortiori, cette réticence vaut pour la poésie. Il n'y en avait qu'une seule dans la version précédente, ce qui était déjà bien assez. Ici, nous en avons quatre ; soit, une subordonnée par strophe ! C'est le petit cailloux que je garde dans ma chaussure tout au long du parcours.

    - Je pratique ce qui est interdit : faire rimer un verbe avec un des ses dérivés, "ouverte" et "entrouverte". C'est le moindre de mes péchés.

    Les conventions sont aussi faites pour être transgressées, lorsque la transgression est faite à bon escient, ce qui est le cas ici. C'est toujours mieux que d'inventer sa rime, comme Totor et son Jerimadeth...

    j'ai essayé de ressentir ce qui m'habite, et je trouve "Et je suis emporté vers cette absence entière / Qui me possède avec une étreinte en pierre." L'image peut sembler convenue, ou grandiloquente, mais je le ressens.

    Tu as raison de tenir à ton ressenti (qui ne me semble en rien grandiloquent) : tu ne dois surtout pas l'abandonner. Cependant, je reste encore à la porte. Le quasi-oxymore de "L'absence entière" me parle énormément mais, en relief, je reste plus hermétique à la dernière image. Je ne sais pas s'il s'agit d'un défaut du poème. N'ayant pas connu l'épreuve que tu as traversée, je ne parviens pas vraiment à me projeter en elle.

    Tu as su instaurer un un beau rythme binaire :
    Et tu restes muet, et tu n'as plus de lieux ;
    [...]
    Je remue des images et je remue la terre,

    J'adore !

    Merci pour ton travail, Climax.

    PS. Le dernier vers n'est-il pas boiteux ?
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 avril 2014 à 20:42
    Yggdrasil, tu ferais un excellent éditeur, de ceux qui savent tirer des textes arrêtés dans leur mûrissement une version meilleure tant par la matière que par la manière.

    - Le dernier vers n'est pas une vers de onze syllabes si tu fais une diérèse avec "pierre" et prononce "pi-erre". Bon, c'est une prononciation bien forcée. Et qui souligne le mot "pierre" : est-ce opportun ?

    - Pour le reste, je m'avise grâce à toi que ces subordonnées relatives, outre répéter le même modèle de phrase, sont lourdes, lourdes, lourdes.

    - Et puis, un aveu, je suis comme toi, la dernière image est artificielle, je ne la ressens ni ne me la représente. Il me faut donc l'écarter. C'est décidément grandiloquent.

    --- Je reprends le texte !!!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 8 avril 2014 à 21:41
    J'ai touché les visions aveuglées dans ces yeux,
    Quand je fermais presque une paupière entrouverte
    De ce corps demeuré qui plus n'avait lieu d'être ;
    Je reste à murmurer les impossibles adieux,

    Et tu restes muet, et tu n'as plus de lieux ;
    Le dimanche au matin - ô ma plaie découverte -,
    Tu es parti flottant comme la plaine ouverte
    Sur la mer en Algarve, et tu n'as plus de feux.

    Je remue des images et je remue la terre ;
    Ton absence me creuse, me рéпètге l'instant
    De la déchirure infiniment terre-à-terre ;

    Je reviens au début de notre amour instant ;
    Me voilà emporté vers une absence entière,
    Masquant le vide avec un monument de pierre.


    Climax69007, le Mardi 8 Avril 2014.
  • yggdrasil Membre élite
    yggdrasil
    • 9 avril 2014 à 07:05
    Cette chute est intéressante ; elle présente une image forte, symbolique, claire. Elle termine le poème sans faire s'effondrer l'édifice. Ce n'est pas nécessairement la pirouette qu'on aime trouver dans un sonnet, mais la chute est réussie. Cette fois, je la saisis et me projette sans peine.

    Tu avais commencé à être moins conventionnel dans la versification, ce qui avait contribué à libérer ton verbe. Au total, "entrouverte" rimait plutôt bien avec "ouverte". De même :
    Je remue des images et je remue la terre ;
    [...]
    De la déchirure infiniment terre-à-terre

    J'en suis le premier surpris, mais je trouve que la rime fonctionne bien, ici aussi. L'absence de césure à l'hémistiche accélère le rythme avant le dernier tercet. C'est bien fait ; bien pensé.

    Cela dit, une personne qui n'a pas suivi l'élaboration du poème trouveras que deux rimes "faciles" dans un même sonnet appauvrissent l'ensemble.

  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 9 avril 2014 à 21:14
    - Merci, Yggdrasil, c'est un рlаіsіг de recevoir des conseils critiques de ta part. Oui, qui n'aurait pas suivi l'élaboration trouverait bien des défauts à mes deux rimes faciles ; cependant, que "terre" (catégorie grammaticale des noms) rime avec "terre-à-terre" (faisant fonction d'adverbe) me paraît de bon aloi, comme la rime d'"instant" (nom) avec instant (adjectif).

    Dois-je t'avouer que je ne me suis même pas aperçu que j'utilisais deux fois "terre" à la rime, du fait de l'appartenance à des catégories grammaticales distinctes ? "De la déchirure infiniment terre-à-terre" n'a certes pas de coupe à l'hémistiche, mais les raclements des allitérations en "r", et la longueur de la prononciation de "déchirure" ralentissent ce vers.

    Quant à la fin, je pensais à Simon : il faut que je demande à son frère dans lequel des douze cimetières de Loulé (soixante-dix mille habitants) il est, avec sa grand mère morte plus que centenaire en ayant le double de son âge. Et, même si c'est important pour moi, je sais que je ne verrai qu'un monument : mais je penserai à Simon.

    Bon je révise une ultime fois.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 9 avril 2014 à 21:50
    Je pressais les visions aveuglées dans ces yeux,
    Quand je fermais presque une paupière entrouverte
    De ce corps demeuré qui plus n'avait lieu d'être ;
    Je reste à murmurer les impossibles adieux,

    Et tu restes muet, et tu n'as plus de lieux ;
    Un dimanche au matin - ô mon chagrin alerte -,
    Tu es parti flottant comme une âme déserte ;
    Et tu gis en Algarve, et tu éteins les cieux.

    Je remue des images et je remue la terre ;
    Ton absence me creuse, me рéпètге l'instant
    De la déchirure infiniment terre-à-terre ;

    Je reviens au début de notre amour instant ;
    Me voilà emporté vers une absence entière,
    Masquant le vide avec un monument de pierre.

    Climax69007, le Mercredi 9 Avril 2014.

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