Tenez, pour "rebondir" sur les prétendus "êtres sans culture telle que nous l'entendons", je ne renverrai qu'à l'excellente collection d'ethnologie "Terres Humaines", chez Plon, dirigée par Malaurie, qui démontre abondamment que tous les peuples, appartiendraient-ils aux sociétés les plus déshéritées, et donc les plus sоumіsеs aux pressions de leur milieu - que l'on dit abusivement "naturel", parce que les êtres humains depuis des dizaines de milliers d'années le transforment et en font un outil de production -, ont une pensée symbolique, un savoir des plus élaborés sur les plantes, les animaux, la parenté, leur devenir au sеіп du monde, etc. et des activités servant à les sustenter, grâce à des savoirs-faire transmis et améliorés au fil des générations.
Donc tous les êtres humains réfléchissent. Ensemble. En société. Par contre, l'Homme (abstraction générique) n'existe pas, et, en tant que tel, peut se trouver ou non affublé des qualités que la spéculation voudra lui accorder. Mais, peut-être est-ce l'humanité qui est visée, comme ensemble des êtres humains, auquel cas voici ce que je pense de leur non-pensée tendancielle actuelle.
Du fait d'une société capitaliste, au stade de l'impérialisme pourrissant (guerres sans fin prévisible ; prédations des ressources par les États mis en Ьгапlе par les sociétés dites multinationales ; matraquage idéologique au profit des possédants privés actionnaires des moyens massifs de production ; développement de l'économie d'armement comme élément moteur et en cela développement de forces destructrices, ...), le capitalisme engendre la barbarie, et d'abord la destruction de la première force de production, les êtres humains, en tant qu'êtres pensants, qualifiés, ayant une capacité d'autonomie et de raisonnement ; là est la première des causes de la décadence de la pensée, et nulle part ailleurs.
Le capitalisme, c'est "la réaction sur toute la ligne" (Lénine), et d'abord, à notre époque, l'incapacité qui est la sienne - dans le cadre de la propriété privée des moyens de production - de développer les forces productives, dont la capacité de pensée fait partie, les techno-sciences, la curiosité, l'appétit de savoir, "l'épistémophilie" comme disait Freud ; et c'est pourquoi nous assistons aux attaques continuées contre l’Éducation Nationale dans ce pays (et dans toute l'Union européenne), contre le système d'enseignement public qui a - au moins - l'ambition de former des têtes pensantes !!!
Cessons de battre la coulpe de l'humanité présente ; l'humanité présente est déformée, avilie, abrutie, déqualifiée, diminuée par l'incapacité du capitalisme à développer les forces de production, leur intelligence à produire, leur "pensoir" асtіf et créateur.
Par ailleurs, comment un système de production, acharné à rendre fatal et obligatoire le cours des choses qui l'affectent (car ce matraquage du cours unique, obligatoire, fatal est sa sauvegarde idéologique la plus urgente pour lui), comment donc ce système de production pourrait-il, un seul instant, donner l'appétit de connaître, en quoi que ce soit, les mécanismes des situations où nous sommes pris ? C'est envers et contre le cours fataliste des choses, que les mass media nous inculquent par leur présentation où nous sommes toujours assignés à la place des spectateurs impuissants, que quelques connaissances viennent se fixer en nous, et éventuellement fructifier, grâce à nos efforts.
Il s'agit là d'une analyse marxiste des cause de la non-pensée.
Elle me semble cohérente et pertinente.
C'est pourquoi je vous l'expose.
Pourquoi l'éclectisme aurait-il toujours le droit à la parole, et point cela ?