Heureusement, le monde n'est pas binaire.
Il n'y a pas, d'un côté, la solitude dans une fidélité hypothétique à soi-même. Et il n'y a pas, de l'autre, la vie commune nécessairement hypocrite.
Nous nous faisons tous des illusions sur nous-mêmes et la fidélité bornée à l'image que nous cultivons de nous me semble tout aussi vectrice de malheur que les faux-semblants introduits dans notre image, telle que nous la façonnons pour les autres.
Au contraire, nous avons besoin de la relation à l'autre pour juger de nous-mêmes. Et comme le disaient les Anciens, la parfaite connaissance de soi - de sa juste mesure, de ses failles comme de ses qualités - est tempérance ; or la tempérance nous porte vers autrui dans une relation pacifiée.
En tout état de cause "autrui" regroupe une infinité de personnes et de personnalités dans une multitude de groupes sociaux. A nous de ne pas rejeter en bloc "les autres" sous prétexte que "tels autres" nous rejettent.
Nous sommes souvent les artisans de notre propre solitude.