Je trouve le sujet passionnant ! Merci pour vos réactions et vos interventions.
Comme le dit très bien Kolakahuna, l’intégrité absolue est une illusion.
C’est une illusion avec laquelle on se rassure ; à moins qu’on ne la brandisse – par facilité – comme prétexte pour n’avoir pas à faire envers les autres l’effort ce que l’on aimerait des autres envers nous-même.
Je crois, pour répondre à Thheo, nous ne sommes tous enclins à une intempérance facile et que nos modes de vie contemporains nous conditionnent justement à ne pas faire preuve d’une juste mesure : l’égotisme devient norme, une consommation outrancière vise à satisfaire des passions égoïstes et des besoins artificiels. La relation à l’autre en devient pouvoir ; source de frustrations, elle mène au total à l’isolement.
La tempérance classique, puisque Yann s’y est intéressé, est effectivement une forme de modération. En réalité, c’est un concept à part que les mots français de « tempérance » ou de « modération » – certains traducteurs choisissent même le terme beaucoup trop large de « sagesse » – échouent à rendre vraiment.
Cette « tempérance » part d’un aveu fondateur qui est celui de notre ignorance. Appliqué à la connaissance de soi, c’est accepter que l’on ne connaît pas – et que l’on ne peut pas connaître – tout de nous. Mieux nous nous connaissons, plus nous prenons conscience de nos propres angles morts. Dès lors, se vouer de façon absolue à ce que l’on croit connaître de soi-même et aux désirs qui en émanent est illusoire.
La « modération de soi » qui en découle permet de mieux appréhender sa relation à autrui.
Ellen'est pas tant une source de retenue et de privation qu’un moyen d’encadrer l’expression de ses désirs pour mieux en profiter, sans nuire à soi-même et aux autres.