Je suis opposé au changement de régime. Je veux seulement que l'on revienne à une application de la constitution de la Ve république à la lettre : c'est-à-dire, un authentique régime parlementaire, qui n'aurait pas été dévoyé par la pratique gaullienne de présidentialisation des institutions
La Ve République n'est pas un régime parlementaire. La Constitution fait du président de la république l'institution principale de l'Etat, indépendamment de ce que vous appelez une ''pratique gaullienne'' du pouvoir, qui d'ailleurs était plus équilibrée que celle en oeuvre aujourd'hui.
La Ve république est un régime parlementaire : si tu lis les débats et les intentions des rédacteurs de la constitution, tu te rendrais compte que c'est la pratique gaullienne qui fait basсuler le régime. Le président n'a été créé que pour exercer des pouvoirs d'arbitrage entre les institutions.
Ce que dit opia7 :
""La Ve République a justement été créée pour répondre à une pratique gaullienne du pouvoir, telle que de Gaulle la voulait, et qui s'opposait au parlementarisme de la IVe République. Il ne faut pas réécrire l'Histoire. ....
Ce que tu affirmes sur un ''basсulement'' gaullien n'a pas bcp de sens, puisque notre régime a justement été conçu selon les principes dictés par de Gaulle au juristes qu'il a chargés de rédiger la nouvelle Constitution.""
Voilà ce qu'en effet j'en avais retenu.
Merci opia7 pour ce condensé.
moi je suis pour une monarchie constitutionnelle sur le modèle danois, néerlandais ou britannique....
Ce que dit opia7 :
""La Ve République a justement été créée pour répondre à une pratique gaullienne du pouvoir, telle que de Gaulle la voulait, et qui s'opposait au parlementarisme de la IVe République. Il ne faut pas réécrire l'Histoire. ....
Ce que tu affirmes sur un ''basсulement'' gaullien n'a pas bcp de sens, puisque notre régime a justement été conçu selon les principes dictés par de Gaulle au juristes qu'il a chargés de rédiger la nouvelle Constitution.""
Voilà ce qu'en effet j'en avais retenu.
Merci opia7 pour ce condensé.
C'est faux. Malheureusement, les idées fausses ont la peau si coriace que tout le monde tient dur comme fer à ses préjugés sur le texte originel de la Ve République.
Une bonne partie des écrits à propos de la Constitution commettent l'erreur de l'analyser à l'aune de la pratique, en ocсultant d'une part la lettre du texte, et d'autre part les travaux préparatoires. Il faut lutter contre l'écriture erronée de ce pan de notre histoire constitutionnelle : la doctrine du régime dit "semi-présidentiel" manquait justement du recul de l'histoire, empêtrée qu'elle était dans les événements qu'elle analysait à mesure qu'ils advenaient.
De Gaulle, au moment de la préparation du texte, voulait restaurer la fonction présidentielle, sans pour autant sortir du régime parlementaire. Même les discours de Bayeux ne s'opposent pas au régime parlementaire en lui-même. C'est une chose de lutter contre contre le parlementarisme de la IVe République ; c'en est une autre de lutter contre le parlementarisme, qui ne peut ni ne doit être réduit à l'exemple de ce régime dysfonctionnel issu de la constitution de 1946. Penser le contraire serait un raccourcis hâtif, s'il en est. Si vous vous intéressez aux travaux des comités rédactionnels, vous verrez que l'on a voulu créer un régime parlementaire. Vous remarquerez également la crainte de voir instaurer un régime présidentiel. D'ailleurs, la loi constitutionnelle du 3 juin 1958, votée par un régime mourant, autorise une révision de la norme fondamentale en disposant dans l'alinéa 3 de son article unique que "le gouvernement doit être responsable devant le Parlement".
Le 27 août 1958, la constitution a été rédigée depuis peu ; elle attend maintenant d'être adoptée par le souverain. Michel Debré fait une explication de texte aux Français, afin de résumer les débats préparatoires, et les principes du régime nouveau qu'il souhaite voir adopter. Dans la partie intitulée "les conditions du régime parlementaire", il insiste sur la nature du régime : "Pas de régime conventionnel, pas de régime présidentiel : la voie devant nous est étroite, c'est celle du régime parlementaire [...] Le projet, tel qu'il vous est sоumіs, a l'ambition de créer un régime parlementaire".
Analysons maintenant le texte de la constitution.
Un régime parlementaire est un régime dans lequel un chef de l’État irresponsable est secondé à la tête du pouvoir exécutif par un organe gouvernemental et collégial de ministres, solidairement responsables devant un Parlement. Dans un régime présidentiel, il existe un gouvernement présidentiel (sans principal ministre), sans qu'il puisse y avoir de responsabilité de l'exécutif devant le pouvoir législatif.
Or, la constitution de 1958 crée :
- un exécutif bicéphale avec un président et un gouvernement distincts.
- un gouvernement qui gouverne : (article 20 : "le gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation").
- une responsabilité du gouvernement devant le Parlement (article 20 : "le gouvernement est responsable devant le Parlement")
- un président irresponsable qui ne gouverne pas. Dans aucun de ses articles, la constitution n'autorise pas le président à gouverner ; c'est la compétence exclusive du gouvernement.
- un président arbitre qui doit préserver les institutions et éviter les blocages institutionnels. (article 5 : "Le Président de la République veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics ainsi que la continuité de l'État. Il est le garant de l'indépendance nationale, de l'intégrité du territoire et du respect des traités".
Dès lors, les pouvoirs du président sont bien ceux d'un arbitre, et non ceux d'un gouvernant. L'utilisation des pouvoirs présidentiels à des fins gouvernementales est une violation pure et simple de la Constitution, en son article 5.
- il nomme le premier ministre, qui doit être accepté par l'Assemblée. C'est une façon de veiller à la concordance politique entre le Parlement et le gouvernement. En aucun cas, il n'est autorisé à révoquer un gouvernement. C'est la compétence exclusive de l'Assemblée.
- il préside le Conseil des ministres pour s'assurer du bon fonctionnement du travail ministériel et anticiper les blocages.
- il promulgue et lois, peut demander une deuxième délibération, et peut les soumettre au Conseil constitutionnel. Il s'agit d'assurer la hiérarchie des normes en protégeant la Constitution et en préservant les principes républicains.
- Il soumet des lois au référendum, s'il estime que les représentants du souverain à l'Assemblée ne respectent pas la volonté du souverain.
- Il peut dissoudre l'assemblée. Il s'agit d'éviter, en cas d'absence de majorité claire, à des coalitions éphémères de provoquer l'instabilité ministérielle des régimes passés.
- Il signe les ordonnances prises en Conseil des ministres sur autorisation parlementaire. Il s'agit de s'assurer qu'elles respectent bien le domaine temporairement délégué au pouvoir exécutif par le pouvoir législatif.
- Il est chef des armées et il accrédite les ambassadeurs. Il s'agit de protéger les intérêts nationaux et le territoire. Pour autant, la mission diplomatique n'est pas un "domaine réservé" comme on l'a faussement écrit. C'est le gouvernement qui assure l'administration de la force armée et le Parlement qui autorise la guerre.
- Il peut prendre temporairement les pleins pouvoirs en cas de menace grave pour la France qui empêcherait le fonctionnement régulier des pouvoirs public. Sa mission est uniquement de rétablir ce fonctionnement normal des institutions.
Ainsi, le président est effectivement "la clé de voûte des institutions" (expression de Michel Debré dans le discours précité). Pour autant, la présence d'un chef de l’État avec une fonction puissante et restaurée n'implique pas nécessairement l'absence de régime parlementaire. C'est là encore un raccourcis hâtif. Sa prééminence est, selon la lettre du texte, uniquement vouée à éviter la paralysie possible du régime parlementaire - comme cela est advenu par le passé - et de préserver l'intégrité des institutions comme du territoire français.
Voilà pourquoi la Ve république est bien un régime parlementaire, qui a été dévoyé par la pratique gaullienne du pouvoir. Il a détourné ses pouvoirs d'arbitre pour gouverner. Voilà pourquoi je demande l'application du droit constitutionnel, tel qu'il a été voté par la nation souveraine. Pour ce qui est de la nature du régime, si vous pensez que votre opinion personnelle sur le droit l'emporte sur les principes juridiques eux-mêmes, cela vous regarde. Dire que la Ve république n'est pas un régime parlementaire est une façon d'occulter le viol permanent de la constitution. Moi, je suis bête et méchant : je défends l'application du droit, et le respect du souverain.
Vous faîtes une interprétation très personnelle du droit constitutionnel. La définition d'un régime parlementaire est précise : c'est un régime dans lequel tout l'exécutif peut être 1) contrôlé par le Parlement et 2) renversé par ce dernier. Or, dans notre Constitution, le Président n'est pas responsable face à ce dernier.
Prétendre que la Ve République est un régime parlementaire et que le général de Gaulle en a détourné les pratiques est historiquement faux. Par ailleurs, il y a un tas d'erreurs de détails dans les exemples que vous citez, notamment vous affirmez que le Général a ''gouverné'' et ''dévoyé'', affirmations basées sur des jugements de valeur très subjectifs, qui sont sans fondement, et, encore une fois, inexacts. Il faut que vous compreniez que la Ve République est un régime souple et hybride, d'où l'expression ''régime semi-présidentiel'', adoptée par les constitutionnalistes, qui connaissent, il me semble, très bien leur sujet, et ne se laissent pas influencer par un sentiment anti-gaullien latent.
Il vous appartient, du reste, la liberté de faire vos propres interprétations.
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