Ton témoignage souligne bien cette situation de bêtes aux abois dans laquelle on se trouve face à ce qui s'annonce dans une telle situation.
Ce n'est pas pour te dévaloriser mais je ne vois pas d'autre façon de bien l'exprimer.
D'un coté, on sait que c'est la fin de l'histoire.
De l'autre, on la refuse de toutes les pores de sa peau; c'est épidermique, non raisonné, irrationnel.
Comme ce sont les liens qui nous lient avec celui qui part qui en sont la cause, on devrait trouver de la raison, de la rationalité, quelque chose qui nous ramène à la réalité de la situation de la part des médecins qui eux, ne sont pas dans le même affect que nous.
Mais non; à notre trouble, ils ajoutent souvent un combat supplémentaire alors que la situation est déjà si difficile à vivre…
Dans la situation que j'ai vécu, le plus fort, ou plutôt la plus forte a été ma vieille amie.
C'est elle, dans sa tranquille détermination, qui ma donné la force de la défendre, d'agir alors que j'étais paralysé dans l'émotion de la situation.
Le sentiment de culpabilité que l'on ne manque pas de ressentir quand notre intervention signe un arrêt de mort est aussi humainement compréhensible que non logique.
Ni toi, ni moi n'avons tué quelqu'un mais leurs maladies.
Qu'avons nous fait d'autre que de nous associer à la volonté des principaux intéressés et de faire valoir ce que de droit
Mais c'est aussi une clef de compréhension d'une logique médicale qui ne l'est pas parce que le médecin est aussi un mortel susceptible de connaître un sentiment de culpabilité inapproprié.
Il peut y avoir aussi chez eux des motivations moins humaines et plus intéressées…
Mais leur "humanité"conditionnée par une blouse blanche les fait exagérer alors que seul un temps inutile est à gagner…
Ils érigent la mort en tant qu'échec professionnel quand elle n'est que l'issue impérative de tout vivant.
Un tel postulat, un tel conditionnement professionnel (coté Français surtout) rend héroïque l'acharnement et lâche son aЬапԁon.
La réalité des choses est inverse et ce "lâcher prise" de celui qui meurt et l'aide qu'il peut recevoir s'il a la chance d'être bien entouré; tout cela demande du courage.
Un courage dont bien des soignants et proches font l'économie, ce qui tend à perpétuer des pratiques "conservatrices" quand il ne s'agit pourtant plus que d'agonie…
Ton homme a eu de la chance de t'avoir près de lui…