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Sophia de Mello Breyner Andresen - Poète (page 2) - Littérature & poésie

Sujet de discussion : Sophia de Mello Breyner Andresen - Poète
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 19:13
    Croit-on que c'est de gaieté de coeur que je constate combien le rapport entre les langues est inégal ?


    Vous trouverez, pour les plus grands poètes de langue anglaise, et ce n'est que justice, des versions bilingues, et le fait que cette langue soit la lingua franca du commerce international facilite l'appréhension du sens des poèmes.


    Pour le portugais, rien de tel : le Brésil, pays dit émergent, n'a pas la puissance des États-Unis d'Amérique du Nord, ni le Mozambique, ni l'Angola, qui ont pour langue officielle et de communication le portugais.


    Les pays de langue portugaise traduisent massivement les textes de langue française, mais la francophonie ne traduit que bien peu du portugais en comparaison.


    Quant à l'enseignement du portugais en France, malgré l'immigration massive de centaines de milliers de portugais en France, c'est une honte que l'état dans lequel il se trouve : il y a à peine une ou deux places, chaque année, au CAPES de portugais, qui certifie des professeurs pour les collèges et les lycées.


    Et voilà pourquoi il n'y a pas de vidéos sous-titrées en français.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 19:50
    Le sujet de la pièce de théâtre de Sophia, "O colar" ("Le collier"), est la désillusion de l'amour, l'amour qui se révolte contre les hiérarchies sociales et contre l'avidité des biens, qui fait d'un jeune homme celui qui va trahir son penchant pour devenir l'étalon reproducteur de la famille en se mariant avec une riche héritière plutôt qu'avec son aimée.


    Et cette pièce gaie et folâtre est une dénonciation, en fait.


    ---------------------------------------------------------------------------


    L'écriture de Sophia de Mello Breyner Andresen révèle une éthique : le langage se doit de ne pas tromper, de ne pas jeter la poudre des merveilles aux yeux, le langage doit révéler, le langage est un trésor que les démagogues salissent le distordant et qu'il faut préserver de leurs atteintes.


    Comme Boris Pasternak aura préservé la langue russe vis-à-vis de la bureaucratie stalinienne et post-stalinienne, vis-à-vis des tenants de cette école du mensonge qu'était le prétendu "réalisme socialiste", louange éternelle des рlапs quinquennaux accomplis par des ouvriers modèles grâce à la perspicacité et à la hauteur de vues de "grands dirigeants".


    Cette éthique ne s'applique pas qu'au domaine des lettres, elle est une attitude pratique devant la vie et l'univers, et c'est aussi, finalement, une orientation politique !
  • theo81500 Membre élite
    theo81500
    • 23 novembre 2013 à 21:07
    Je comprend tout à fait que le portugais te tienne à coeur et je respecte.
    Cela dit si la réalité est que la france ne fait aucun effort pour faire l'apprentissage de cette langue.
    Tu conviendras qu'il y a donc de fortes chances pour qu'il y ai un tas de monde qui ne comprenne pas.

    Je veux bien écouter la sonorité de la langue mais à un moment ça ne suffit pas.
    pour ma part je préfèrerai qu'il n'y ai qu'un seul de ses poèmes et que tu en ais fait une traduction.
    Au moins je pourrais apprécier et la sonorité et le sens.
    Bien sur ce n'est que mon avis perso.

    Si ce sujet ne m'intéressait pas je ne prendrai pas la peine de dire quoi que ce soit.

    Tu sais, Théo, si les versions sous-titrées en français abondaient, je les mettrais en ligne.

    Par ailleurs, oui cela prend du temps, oui cela demande des efforts, ce n'est pas facile de communiquer un enthousiasme pour un auteur qui est méconnu malgré sa grandeur intrinsèque.

    Il n'y a, de ma part, nulle volonté d'hermétisme, mais bien l'espoir que les sonorités du portugais, et le texte écrit dans une langue très proche de l'espagnol (qui n'est pas un parent pauvre de l’Éducation Nationale, au contraire du portugais) séduisent.

    Lorsque j'écoute le poète Vissotsly, en langue russe, à laquelle je ne comprends rien, je me mets dans la disposition d'être attentif au rythme, à la pulsation et aux sonorités, et sans savoir le russe, je comprends pourquoi ce chanteur a été admiré et aimé du peuple russe.


    Si tu ne peux pas faire cet effort, tant pis ; je rappellerai, simplement, que les mots ont une consistance sonore, et que ce serait du russe, du chinois, du kirghiz, du tchèque, du serbo-croate, toi et moi pourrions, en toute rigueur, nous rendre attentif à la chair des mots, et déjà commencer à porter un jugement esthétique.


    Par ailleurs, pour le portugais, comme il s'agit d'une langue romane (néo-latine) comme le français, je compte sur l'intercompréhension entre locuteurs de langues romanes.


    Ceci dit, je vais essayer de trouver quelques vidéos, sous-titrées en français.

  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 21:36
    Je mets en ligne plusieurs poèmes de Sophia de Mello Breyner Andresen grâce au site "Citador", et je vais traduire au moins un poème de Sophia.

    http://www.citador.pt/poemas/a/sophia-de-mello-breyner-andresen
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 21:55
    Com fúria e raiva

    Com fúria e raiva acuso o demagogo
    E o seu capitalismo das palavras

    Pois é preciso saber que a palavra é sagrada
    Que de longe muito longe um povo a tгоuxe
    E nela pôs sua alma confiada

    De longe muito longe desde o início
    O homem soube de si pela palavra
    E nomeou a pedra a flor a água
    E tudo emergiu porque ele disse

    Com fúria e raiva acuso o demagogo
    Que se promove à sombra da palavra
    E da palavra faz poder e jogo
    E transforma as palavras em moeda
    Como se fez com o trigo e com a terra

    Sophia de Mello Breyner Andresen, in "O Nome das Coisas"

    "Avec fureur et avec rage"

    J'accuse avec fureur et avec rage le démagogue
    Et son capitalisme des paroles.

    Parce qu'il faut savoir que le mot est sacré,
    Que de loin, de très loin, un peuple l'a porté,
    Et qu'il a déposé en lui son âme prudemment.

    De loin, de bien plus loin que les commencements,
    L'humain s'est reconnu lui-même par les mots,
    Et il a dénommé et pierre et fleur et eau,
    Et tout a émergé parce qu'il le disait.

    J'accuse avec fureur et rage le démagogue
    Qui fait sa promotion sous le couvert des mots
    Et qui fait de ces mots un pouvoir et un jeu,
    Et transforme les mots en de l'argent
    Comme l'on fait avec le blé et puis la terre.

    Traduction par Climax69007


    ----- C'est la morale de Sophia de Mello Breyner Andresen.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 22:17
    Esta gente

    Esta gente cujo rosto
    Às vezes luminoso
    E outras vezes tosco

    Ora me lembra escravos
    Ora me lembra reis

    Faz renascer meu gosto
    De luta e de combate
    Contra o abutre e a cobra
    O porco e o milhafre

    Pois a gente que tem
    O rosto desenhado
    Por paciência e fome
    É a gente em quem
    Um país ocupado
    Escreve o seu nome

    E em frente desta gente
    Ignorada e pisada
    Como a pedra do chão
    E mais do que a pedra
    Humilhada e calcada

    Meu canto se renova
    E recomeço a busca
    De um país liberto
    De uma vida limpa
    E de um tempo justo

    Sophia de Mello Breyner Andresen, in "Geografia"

    "Ce peuple-là


    Ce peuple-là dont le visage
    Quelquefois lumineux
    D'autres fois assombri

    Me rappelle tantôt des еsсlаvеs
    Me rappelle tantôt des rois

    Fait se raviver mon penchant
    Pour la lutte et pour le combat
    Contre le vautour, le cobra
    Contre le porc et le glouton

    Car ce peuple-là qui possède
    La face dessinée
    Par la patience et la faim
    Est ce peuple-là sur lequel
    Un pays occupé
    Vient inscrire son nom

    Et devant ce peuple-là
    Que l'on méprise et piétine
    Comme une pierre sur la terre
    Et bien plus que la pierre
    Humilié et foulé aux pieds

    Mon chant se régénère
    Et reprend sa recherche
    D'un pays libéré
    D'une vie purifiée
    Et d'un temps de justice"

    Traduction de Climax69007


    J'ai essayé de traduire en vers pairs.
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 22:22
    De um amor morto


    De um amor morto fica
    Um pesado tempo quotidiano
    Onde os gestos se esbarram
    Ao longo do ano

    De um amor morto não fica
    Nenhuma memória
    O passado se rende
    O presente o devora
    E os navios do tempo
    Agudos e lentos
    O levam embora

    Pois um amor morto não deixa
    Em nós seu retrato
    De infinita demora
    É apenas um facto
    Que a eternidade ignora

    Sophia de Mello Breyner Andresen, in "Geografia"


    De l'amour qui est mort

    De l'amour qui est mort il reste
    Dans sa pesanteur le temps quotidien
    Où les mouvements se disloquent
    Tout au long de l'année

    De l'amour qui est mort il ne demeure
    Nulle ressouvenance
    Le passé fait reddition
    Le présent le dévore
    Et les vaisseaux du temps
    Aigus et lentement
    Vers les lointains l'emportent

    Parce qu'un amour mort ne laisse pas
    Dedans nous son portrait
    Pour demeurer infiniment
    Il est à peine un fait
    Que le temps éternel déconsidère


    Traduction de Climax69007
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 22:51
    Terror de te amar

    Terror de te amar num sítio tão frágil como o mundo.

    Mal de te amar neste lugar de imperfeição
    Onde tudo nos quebra e emudece
    Onde tudo nos mente e nos separa.

    Que nenhuma estrela queime o teu perfil
    Que nenhum deus se lembre do teu nome
    Que nem o vento passe onde tu passas.

    Para ti eu criarei um dia puго
    Livre como o vento e repetido
    Como o florir das ondas ordenadas.

    Sophia de Mello Breyner Andresen, in “Obra Poética”

    La terreur de t'aimer

    La terreur de t'aimer en un lieu aussi périssable que le monde]
    Le malheur de t'aimer dans ce lieu d'imperfection
    Où tout nous vient briser et réduire au silence
    Où tout nous vient mentir et dresser des barrières.

    Que nulle étoile ne consume ton profil
    Qu'aucun dieu ne se rappelle ton nom
    Que le vent ne passe pas où tu passes.

    Pour toi je vais créer un jour de pureté
    Libre comme le vent, qui se répéterait
    Comme un fleurissement de vagues cadencées.


    Traduction de Climax69007.

    Quatre traductions aujourd'hui !
    Peut-être d'autres demain, je l'espère.
    "Se Deus quiser" !!!
  • sergeclimax69007 Membre suprême
    sergeclimax69007
    • 23 novembre 2013 à 23:17
    Sophia de Mello Breyner Andresen, jeune ou vieille, était très belle, et avait de la distinction.




    Sophia%2Bde%2BMello%2BBreyner%2BAndresen.jpg


    Sur la couverture d'un livre fait principalement de photographies d'elle et de ses manuscrits :


    9789722123921.jpg



    vol_sophia_mello_breyner_gf.jpg

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